
Road-trip en terre andalouse : de Málaga à Ronda
Entre mer Méditerranée et Sierras du sud de l’Espagne, l’Andalousie est une vaste région autonome où les civilisations musulmanes, juives et chrétiennes se sont mélangées pour créer une architecture et une culture unique, incroyablement riche. Au milieu des collines et des plaines agricoles brûlées par le soleil, on y découvre des joyaux architecturaux tels que Séville, Cordoue ou Grenade, héritage de la domination des Maures du VIIIe au XVe siècle. Et avec plus de 800 km de côtes et 2 parcs nationaux, l’Andalousie allie de manière spectaculaire nature et culture.
Fin octobre, un voyage dans le sud de l’Espagne est une belle façon de prolonger l’été indien. Mais il y a tant à voir ! Ce premier voyage nous fera découvrir la partie Est de l’Andalousie, de Málaga à Ronda, en passant par les Alpujarras, Grenade et Séville. Nous nous concentrerons principalement à l’intérieur des terres, les côtes ayant bien souvent souffert d’un bétonnage intempestif. La partie Ouest fera l’objet d’un second voyage.
Jour 1 | Zurich > Málaga : nous arrivons en fin d’après-midi à l’aéroport de Málaga. Après un rapide check-in à l’hôtel Petit Palace Plaza Malaga, l’un des rares établissements offrant des chambres familiales en plein centre-ville, nous partons nous perdre dans les ruelles de la vielle ville. Nous plongeons immédiatement dans l’effervescence et l’ambiance de la vie espagnole : il est 19h00, les rues sont bondées, les boutiques et les bars sont pleins à craquer. Nous nous attablons au milieu du Mercado de la Merced, un marché gastronomique offrant beaucoup de choix à petit prix qui permet de contenter toute la famille !


















Jour 2 | Málaga : longtemps restée dans l’ombre de ses célèbres voisines telles que Séville, Cordoue ou Grenade, la capitale de la Costa del Sol est une ville portuaire aujourd’hui très plaisante, fruit de nombreuses rénovations, et notamment celle de son centre historique. La ville natale de Picasso est dominée par la colline de Gibralfaro qui abrite deux vestiges mauresques remarquables : la forteresse de l’Alcazaba et le château éponyme, construits au XIVe siècle. Nous débutons notre visite par l’imposante Catedral de la Encarnation, de style Renaissance, surnommée La Manquita (la manchote), car l’une de ses tours est curieusement restée inachevée. Puis nous nous dirigeons vers les ruines du Teatro Romano, symbole de l’Hispania Romana dans la ville. Découvert en 1951 dans le cadre de travaux, cet amphithéâtre fut construit sous le règne de l’empereur romain Auguste. La visite se complète par un passage au centre d’interprétation qui permet d’en apprendre un peu plus sur cette époque.









Nous traversons le luxuriant Parque de Málaga séparant la vieille ville du port pour rejoindre le Paseo del Muella Uno qui a également fait l’objet d’une rénovation contemporaine très réussie. Des espaces ombragés, des terrains de jeux, des musées, de nombreuses boutiques et restaurants agrémentent la promenade jusqu’à la Playa de la Farola où nous ferons petite pause pour contempler la baie de La Malagueta. Après un déjeuner sur le port au bar à tapas La Sureña, nous prenons la direction de la forteresse de l’Alcazaba posée au pied du mont Gibralfaro. La visite de ce splendide palais-forteresse aux influences architecturales mauresques est couronné par un panorama exceptionnel sur l’ensemble de la baie et le théâtre romain.



















Puis nous redescendons au Centre Pompidou de Málaga qui occupe « le Cubo », un bâtiment original situé dans le port. Sa collection permanente abrite plus de 80 œuvres d’artistes du calibre de Picasso, Miró, Bacon, Magritte, Frida Khalo ou Giacometti. Hormis sa collection permanente, le musée organise des expositions temporaires d’artistes renommés. Nous clôturons cette première journée à Málaga par un apéro sur la terrasse panoramique du restaurant Batik, qui offre une vue incroyable sur la vieille-ville et la forteresse de l’Alcazaba, avant de nous restaurer à La Burgesita, sympathique resto situé à deux pas de l’hôtel.








Jour 3 | Málaga > Capileira : la journée débute par la visite du célèbre Musée Picasso, abrité dans le palais de Buenavista, datant du 16e siècle. Puis nous traversons le quartier alternatif de Soho près du port, reconnu pour ses fresques murales, afin de rejoindre le Mercado Atarazanas. Nous pénétrons dans ce marché par une imposante porte mauresque pour y retrouver des étals colorés abrités sous une large verrière. Après une pause chocolat-Churros au Casa Aranda et une petite heure de shopping dans la rue piétonne Marquès de Larios, nous partons récupérer notre voiture de location à la gare ferroviaire de Málaga.
















Sur la route de Grenade, nous effectuons un crochet par les Alpujarras, une région montagneuse située à 130 km au nord-est de Málaga, renommée pour ses typiques villages blancs. Nous faisons étape à Capileira, un charmant village de montagne aux maisons blanchies à la chaux, accroché au flanc sud de la Sierra Nevada. Une fois avoir posé nos valises à l’Hôtel Poqueira, charmant et familial, nous parcourons les rues tortueuses du village, bien calmes en cette arrière-saison, avant de nous réchauffer au restaurant El Corral del Castaño autour de savoureux plats régionaux.













Jour 4 | Capileira > Grenade : après la visite d’une fabrique et l’achat d’un tapis à Pampanera, nous prenons la route de Grenade à 75 km de là. Au pied de la Sierra Nevada, Grenade est surtout connue pour son Alhambra, classée au Patrimoine mondial de l’UNESCO, une forteresse qui abrite plusieurs sites exceptionnels tels que l’Alcazaba, les palais Nasrides et le palais Charles Quint, ainsi que de superbes jardins. Après avoir déposé voiture et bagages à l’Hôtel Dauro2, central mais sans charme particulier, nous partons à la découverte du centre de Grenade, en commençant par la Plaza Bib-Rambla. Nous remarquons immédiatement à quel point la culture arabe a imprégné l’architecture de la ville. Puis nous grimpons à travers le quartier traditionnel d’Albaicín pour rejoindre le Mirador San Nicolas. Il faut se perdre dans ce dédale de rues bordées de maisons blanchies à la chaux, ponctuées par de nombreuses églises. Le mirador offre une vue imprenable sur la ville et l’Alhambra. En redescendant, nous nous arrêtons pour un apéro à la Taberna 22, immanquable par son emplacement. Nous comprendrons vite que les tapas habituellement offerts avec les consommations sont ici réservés aux Espagnols… Une des conséquences de la surfréquentation touristique que connait la ville…








Jour 5 | Grenade : notre journée commence par la visite de l’un des monuments phares de la ville, la Capilla Real de Granada, somptueuse, abritant les sépulcres de Rois catholiques Fernando et Isabel. Elle se situe dans l’enceinte de l’imposante Cathédrale de l’Incarnation, et les photos y sont totalement interdites. Après un rapide passage par le marché artisanal aux allures de souk à touristes, puis au marché alimentaire, nous faisons une pause chocolat-Churros avant de nous diriger vers la Basilica San Juan de Dios dont le cœur abrite un véritable trésor. Après un déjeuner sur l’une des places ombragées de la ville, nous nous rendons en famille aux bains arabes Al Andalus pour une expérience originale. Dans un édifice discret du centre-ville à la décoration typiquement arabo-andalouse, le SPA dispose de quatre bassins à diverses températures, un Hammam et un espace pierres chaudes. Nous n’y avons pas testé les massages mais les enfants ont su rester calmes dans ce lieu dédié à la détente.


















Jour 6 | Grenade : nous repartons à la découverte du quartier populaire et pittoresque d’Albaicín pour une visite plus approfondie. Bâti à flanc de colline, ce quartier a peu changé depuis la période mauresque. Nous y découvrons de charmantes petites places et visitons la Casa museo Max Moreau, un peintre belge qui a passé ses dernières années ici. Ce lieu plutôt intimiste permet d’apprécier une belle vue sur l’Alhambra.












L’après-midi est consacré à l’un des highlights de l’Espagne : l’Alhambra (« la rouge » en arabe), l’acropole médiévale la plus majestueuse du monde méditerranéen. À l’intérieur de son enceinte fortifiée, cet ensemble palatial incroyable abrite plusieurs parties distinctes. Nous débutons la visite par les jardins fleuris du Généralife, le palais d’été des princes Nasrides, dynastie à l’origine de ces lieux somptueux.






Puis nous pénétrons dans l’enceinte de l’Alhambra pour rejoindre les jardins du Partal qui abritaient plusieurs palais, et l’élégante Torre de las Damas avec son portique à colonnade.




La visite se poursuit par l’Alcazaba (« la citadelle » en arabe) qui logeait les garnisons. Le donjon de cette forteresse, stratégiquement élevée, permettait d’observer toute la plaine de Grenade et voir venir l’ennemi.







Puis nous pénétrons dans l’imposant palais de Charles Quint qui fut construit au XVIe à l’issue des victoires des Castillans sur les Maures. De style Renaissance, il a pour principal particularité un patio circulaire intérieur aux dimensions étourdissantes.





Enfin la visite s’achève en apothéose avec l’accès aux Palais Nasrides, succession de salles reliées par des vestibules. L’ensemble est disposé autour de la Cour des Myrtes et la Cour des Lions. Autant l’architecture extérieure est relativement sobre, autant la décoration intérieure est incroyablement riche, conjuguant à merveille trois principaux arts islamiques : la calligraphie, l’art floral stylisé et les arabesques. Les murs et les plafonds sont incroyablement sculptés, ciselés comme de la dentelle. Tout simplement grandiose.
Nous quittons l’Alhambra, totalement fascinés par la beauté des lieux (mais il faut faire tout de même abstraction de la foule…), en descendant la Cuesta de Gomérez où plusieurs fabricants de guitares se distinguent des nombreuses boutiques de souvenirs. Nous terminerons la journée autour de savoureux tapas au restaurant La Botillera, un peu à l’écart des rues touristiques du centre-ville.




























Jour 6 | Grenade > Séville : nous quittons Grenade pour rejoindre Séville, le cœur de l’Andalousie. Les deux cités sont séparées par 250 km qui traversent la vega andalouse, brûlée par les chaleurs caniculaires de l’été passé. Nous nous empressons de déposer voiture et bagages à l’Hotel San Gil, un établissement très confortable situé dans le quartier Alameda, en retrait des routes touristiques, qui dispose d’un agréable patio intérieur et d’une petite piscine sur le toit ! Après un déjeuner au restaurant local Rincón De Rosita, nous partons nous perdre dans les rues colorées du quartier, impatients de découvrir cette ville qui s’annonce fascinante. Nous rejoignons les berges du Guadalquivir avant de gagner le centre historique et ses rues commerçantes et animées.












Jour 7 | Séville : la veille, notre regard a été attiré par cette intrigante construction contemporaine, Las Setas de Sevilla (« les champignons de Séville »). Inauguré en 2011 après 5 ans de travaux et de problèmes techniques (grèves mais surtout découverte de vestiges archéologiques), cette incroyable structure de bois est l’œuvre de l’architecte berlinois Jürgen Mayer. Le « Metropol Parasol » abrite donc un musée archéologique au sous-sol, le Mercado de la Encarnacion au rez-de-chaussée et un incroyable Mirador sur son toit qui surplombe toute la cité andalouse. La vue révèle un contraste architectural saisissant avec les autres monuments historiques tels que la Giralda ou l’Alcázar.









Puis nous repartons flâner dans les rues du centre historique de Séville, bordées de bâtisses toutes aussi élégantes les unes que les autres. Nous rejoignons ensuite le Barrio Santa Cruz avec ses ruelles pavées et ses petites places généreusement fleuries. C’est l’un des quartiers les plus animés de la ville, la foule est bien présente et les bars à tapas sont bondés. Après une pause gourmande au Bar Europa, nous nous rendons à la Casa de la Memoria pour assister à un spectacle intimiste de Flamenco.




















Jour 8 | Séville > Ronda : nous consacrons cette dernière matinée à la visite du Real Alcazar, l’un des joyaux architecturaux de Séville. Situé face à la Catedral et la Giralda (ancien minaret de la grande mosquée de Séville transformé en clocher), cet ensemble de palais royaux est inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO. Construit en 844 par les Omeyyades d’Espagne, l’Alcázar fut modifié à de nombreuses reprises pendant et après la période musulmane. Mais c’est au 14e siècle que le palais emprunte un style mudéjar, qui désigne les techniques de construction musulmanes appliquées aux édifices chrétiens. Il est d’ailleurs considéré comme l’exemple le plus brillant de l’architecture mudéjar sur la péninsule Ibérique. Les catholiques ont ensuite aménagé de magnifiques jardins couvrant une superficie de 7 hectares, agrémentés de nombreux bassins et fontaines qui s’écoulent à l’ombre des agrumes et des palmiers.














Après un dernier passage dans le quartier de Santa Cruz et un déjeuner gourmet au Mercado Lonja de Feria, nous prenons la route pour Ronda, en se promettant de revenir à Séville. Car au-delà du choc architectural que peut déclencher cette cité andalouse, c’est bel et bien un vrai coup de cœur pour son ambiance unique malgré la foule de touristes qui peut envahir certains lieux de la ville.






Nous arrivons à Ronda, un village blanc andalou qui a la particularité d’être coupé en deux par le Tajo de Ronda, une profonde crevasse. Le village est relié en son centre par le Puente Nuevo, un impressionnant pont haut perché devenu son emblème. Nous passons quelques temps à explorer notre hôtel, l’Enfrente Arte, véritable galerie d’art éclectique et décalé ! Puis nous partons explorer la partie ancienne de Ronda qui nous a semblé un peu endormie. Il y a bien plus d’animations dans la ville nouvelle, où nous dinerons au chaleureux resto italien Trattoría Nonno Peppe.









Jour 9 | Ronda > Málaga : nous profitons de notre dernière matinée pour visiter Ronda et plus particulièrement la Plaza de Toros. Les Arènes de Ronda sont parmi les plus anciennes d’Espagne, et surtout la plus grande avec un diamètre de 66 mètres. Nous ne sommes pas spécialement aficionados de tauromachie mais cette pratique est intrinsèque à la culture andalouse. Pour mieux la comprendre, la visite du musée aménagé sous les gradins de l’arène s’impose. De magnifiques costumes et des équipements y sont exposés ainsi que des affiches et documents retraçant les exploits de grands toréadors et les événements nationaux de tauromachie, élevé au rang d’art en Andalousie. La visite se termine en foulant le sable jaune de l’arène… on se laisse tenter à jouer les toréadors !














Nous quittons Ronda en début d’après-midi pour rejoindre l’aéroport de Málaga à 110 km de là. Une magnifique route sinueuse et montagneuse, longeant le Parque Natural de la Sierra de las Nieves, nous ramène jusqu’au littoral. De Marbella à Málaga, l’autoroute 7 qui surplombe la côte méditerranéenne nous permet de mesurer l’ampleur de la pression immobilière qui sévit, pour le meilleur et pour le pire, sur la Costa del Sol. Emballés par ce premier voyage en Andalousie, nous nous promettons de revenir pour continuer la découverte de cette région incroyablement attachante !
Road-trip effectué du 22 au 31 octobre 2016 – Málaga, Capileira, Grenade, Séville, Ronda – Espagne

