
Road-trip en terre andalouse : de Séville à Cadix
Entre mer Méditerranée et Sierras du Sud de l’Espagne, l’Andalousie est une vaste région autonome où les civilisations musulmanes, juives et chrétiennes se sont mélangées pour créer une architecture et une culture unique, incroyablement riche. Au milieu des collines et des plaines agricoles brûlées par le soleil, on y découvre des joyaux architecturaux tels que Séville, Cordoue ou Grenade, héritage de la domination des Maures du VIIIe au XVe siècle. Et avec plus de 800 km de côtes et 2 parcs nationaux, l’Andalousie allie de manière spectaculaire nature et culture.
Après un premier voyage trois ans plus tôt à la même période (fin octobre) qui nous a mené dans le centre et l’Est de l’Andalousie, de Malaga à Ronda, nous partons à la découverte de l’Ouest de la province. Au départ de Séville, nous nous rendrons à Cordoue (que nous avions loupé lors de notre premier road-trip) avant de rejoindre la côte et visiter Conil de la Frontera, Vejez de la Fronteja, Tarifa, Barbate et Cadix. Voilà qui complètera formidablement cette tournée de l’Andalousie !
Jour 1 | Zurich > Séville : après 2 h 40 de vol, nous nous posons en toute fin d’après-midi à l’aéroport de Séville. Nous nous installons à l’hôtel Petit Palace Canalejas Sevilla, très central, qui occupe une élégante bâtisse des années 30. Tout comme l’établissement de Malaga où nous avions séjourné, c’est l’un des rares hôtels offrant des chambres familiales en plein centre-ville. Nous apprécions de retrouver l’ambiance animée des soirées hispaniques en rejoignant la Casa Pepe Hillo, située juste en arrière de la Plaza de toros de la Real Maestranza de Caballería de Sevilla, l’une des plus grandes arènes du pays. Il ne faut pas être un farouche opposant à la Corrida pour diner ici, car toute la décoration des lieux est vouée à l’art de la tauromachie, avec ses énormes têtes de taureaux et ses anciennes affiches accrochées aux murs ! Nous terminons la soirée en passant au glacier Bolas dont la réputation grandie au-delà des murs de la ville puisqu’on retrouve désormais ses glaces artisanales dans plusieurs villes du pays. Ce voyage commence délicieusement bien !


Jour 2 | Séville : c’est une ville que nous découvrons pour la seconde fois. Nous nous devions d’y revenir car lors de notre première visite, faute de temps, nous avions fait l’impasse sur la splendide Plaza de España… Impardonnable ! Alors de retour dans la capitale andalouse, nous partons sans attendre en direction de son plus célèbre monument, véritable joyau architectural. La Plaza de España est située dans le Parque de María Luisa, a été conçue par l’architecte sévillan Aníbal González à l’occasion de l’Exposition ibéro-américaine de 1929. Sa forme semi-elliptique est un symbole de la relation entre la cité andalouse et ses colonies. Ses proportions impressionnantes, avec une superficie totale de 50 000 mètres carrés, en fait l’une des places les plus imposantes du pays. Un canal en arc de cercle, que l’on peut parcourir en barque, épouse admirablement le palais de styles néo-renaissance, gothique et mudéjar, richement décoré avec de nombreuses statues et céramiques. Les quatre ponts qui enjambent le canal, tout aussi spectaculaires, représentent les anciens royaumes d’Espagne : le royaume de Castille, de Navarre, de Léon et enfin d’Aragon. Les bancs quant à eux symbolisent les 49 provinces espagnoles figurées en céramique. Une immense galerie couverte s’étend de tout son long, abritant un magnifique plafond à caissons. Enfin les deux tours, situées de chaque côté du palais, qui s’élèvent à plus de 80 mètres de hauteur, symbolisent le roi et la reine d’Espagne.













Nous rejoignons ensuite le barrio de Santa Cruz, où se trouvent la plupart des monuments remarquables de Séville : la Cathédrale Notre-Dame mais aussi l’Alcazar et ses jardins. Ayant effectué leurs visites lors de notre précédent voyage, nous contentons de flâner dans les rues piétonnes et colorées et (presque) trop animées de Santa Cruz. S’agissant du cœur historique de Séville, c’est aussi le quartier le plus typique et donc le plus touristique… Il n’en reste pas moins agréable avec ses patios, ses maisons blanchies à la chaux et ses jolies places. Nous déjeunons au sympathique bar à tapas Patanchón, à la déco originale et aux tapas variés, mais là encore, très touristique.















Nous prenons la direction des rives du fleuve Guadalquivir et passons devant la Torre del Oro, construite au début du XIIIᵉ siècle pour renforcer les défenses militaires de la ville. Pour bloquer la circulation sur le fleuve, les Maures y tendaient une chaine reliée à une autre tour juste en face… Puis nous continuons par le quartier El Arenal où nous avions diner la veille, bien agréable car en retrait de l’agitation touristique. Après une rapide séance de shopping au El Corte Ingles, puis une pause à l’hôtel, nous nous rendons à l’Eslava, un excellent bar à tapas gastronomiques. L’adresse est bondée, et il faudra se contenter d’une petite table en terrasse. Un peu frisquet en cette fin octobre mais on se régale !














Jour 3 | Séville > Cordoue : le soleil a fait son retour, et nous accompagne jusqu’à la gare pour récupérer notre véhicule de location. En chemin, nos repassons devant les fameux Setas de Sevilla, une impressionnante structure contemporaine, tout en bois, que nous avions visité lors de notre dernier séjour. Les dimensions de cette sculpture monumentale plantée au milieu des immeubles sont toujours aussi étourdissantes.





Une fois notre voiture récupérée et nos bagages chargés à l’hôtel, nous prenons la route de Cordoue. Les 145 km qui séparent les deux villes, à travers une campagne brulée par le soleil, sont vite parcourus. Nous séjournons à l’Eurostar Palace, situé aux portes de la vieille ville, dont l’architecture contemporaine est plutôt réussie. Une vaste paroi de métal perforé enveloppe l’ensemble du bâtiment, comme une double peau, qui permet de le protéger des ardeurs du soleil. Il est déjà 13 h 30, alors nous nous dirigeons vers le Mercado Victoria, à 2mn de l’hôtel. Il ne s’agit pas d’un marché traditionnel, mais d’un regroupement de petits restaurants qui partagent plusieurs salles à manger. On apprécie beaucoup ce concept qui permet de contenter les goûts les plus variés au même endroit.









Après le déjeuner, le soleil radieux nous invite à profiter de la piscine qui trône sur le toit de l’hôtel. L’eau est un peu fraiche en cette fin de saison, alors nous profitons surtout de la vue panoramique sur la vieille ville et ses environs.




Puis nous franchissons la Puerta de Almodóvar et ses remparts qui abritent un riche quartier historique, dédale de petites rues pavées aux bâtisses colorées. En rejoignant le centre, nous remarquons que de nombreux commerces sont fermés. Nous ignorions qu’il s’agissait d’un jour férié (Saint-Raphaël). Nous traversons l’élégante Plaza de las Tendillas, cernée de bâtisses cossues, où trône le Monumento al Gran Capitán. Nous descendons ensuite vers l’impressionnante Plaza de la Corredera, une vaste place rectangulaire dont les façades sont réchauffées par la lumière du soleil couchant. Nous terminons la journée non loin du petit temple romain de Cordoue en dinant à la Taberna Salinas, véritable institution qui sert une cuisine typique et roborative !










Jour 4 | Cordoue : on y vient du monde entier pour la visiter : la célèbre Mosquée-Cathédrale la Mezquita, classée en 1994 au patrimoine mondial de l’UNESCO. C’est le monument le plus important de tout l’Occident islamique. Nous débutons la visite par la Torre Campanario qui permet de prendre de la hauteur et mesurer la grandeur des lieux. Il s’agit de l’ancien minaret reconverti en clocher au XVIe siècle. Les travaux continuent au XVIIe siècle avec la construction de l´étage et de l´horloge. De son sommet, on peut contempler l’ensemble de la ville et ses environs, mais surtout l’immensité de la toiture de la Mezquita !












Puis nous traversons le patio de los Naranjos (la cour des orangers) pour rejoindre l’entrée principale de la Mezquita. La mosquée, construite au VIIIe siècle sur un ancien édifice chrétien, est un pur chef d’œuvre de l’art Arabo-Andalou. Une architecture à la fois sobre et rythmée de colonnades et d’arches colorées de pierres et de briques. Elle fut transformée en cathédrale au XVIe. Ainsi la nef, en croix latine, supporte des voûtes gothiques et une impressionnante coupole de style Renaissance. L’ensemble est simplement majestueux, tant les différents styles s’harmonisent à merveille.


















Après cette passionnante visite, nous traversons le Puente Romano de Córdoba qui enjambe le Guadalquivir avec en ligne de mire la Torre Calahorra. Encore une façon de prendre du recul sur la Mezquita et l’admirer sous un autre angle.





Nous marquons une pause déjeuner au restaurant bistronomique Garum 2.1 qui concocte des tapas très créatifs. Nous rejoignons ensuite le quartier pittoresque de la Juderia, réputé pour ses patios fleuris.






Puis nous entamons une seconde visite, celle de l’Alcazar de los Reyes Cristianos, un palais de style mudéjar du XIVe siècle, entouré de magnifiques jardins en terrasse. Ses tours gothiques massives et ses remparts élevés offrent à nouveau une belle perspective sur la vielle ville.









Nous clôturons cette journée bien remplie en assistant au spectacle d’art équestre donné par les écuries royales de Cordoba. Après une heure de show tout en élégance, nous nous installons en terrasse à la sympathique Taberna 10, fatigués mais ravis d’avoir arpentés cette ville magnifique.





Jour 5 | Cordoue > Conil de la Frontera : nous quittons Cordoue avec regret. Nous avons adoré la tranquillité de cette superbe ville en arrière-saison. Nous l’avons aussi trouvé beaucoup plus accueillante que Grenade, victime d’une surfréquentation touristique qui la déshumanise. Nous reprenons la direction de Séville puis de la Costa de la Luz qui s’étend entre Tarifa et Cadix, baignée par les eaux de l’Océan Atlantique. Il nous faudra 3h30 pour avaler les 300km et rejoindre notre dernière étape, Conil de la Fronteja. Nous ne sommes pas amateurs d’hôtel club, c’est le genre d’endroit que nous évitons absolument. Mais après de longues heures de recherche lors de la préparation du voyage, difficile de trouver à cette saison un petit hôtel sympa avec un accès direct sur la mer. Nous avons finalement retenu l’établissement Hipotels Gran Conil car il offre de belles chambres familiales et son architecture contemporaine est plutôt bien intégrée dans le paysage, légèrement en retrait de la plage. Nous décidons de nous y poser 4 jours et de rayonner en voiture à partir de cet agréable camp de base. Nous passons l’après-midi à la plage, juste en contre-bas de l’hôtel, très attendue par les enfants. Après une petite séance de body-board, nous partons explorer Conil, plutôt paisible à l’aube de son hibernation. Après un apéro à la sympathique terrasse du Torre de Guzman, nous rejoignons notre hôtel par une belle balade sur la Playa de los Bateles. Nous dinons à l’hôtel, présenté sous forme d’un buffet gargantuesque et incroyablement varié, ce qui n’est pas pour nous déplaire !












Jour 6 | Vejer de la Frontera : nous prenons la direction de Vejer de la Frontera, situé à seulement 20km de Conil. Il s’agit d’un village blanc typiquement andalou, perché sur un abrupt promontoire rocheux. Ses remparts abritent des ruelles tortueuses, véritable labyrinthe de maisons chaulées. Certaines façades arborent d’impressionnantes collections de pots de fleurs multicolores, contrastant avec le ciel bleu azur. Nous passons devant l’Iglesia du Divino Salvador avant de monter jusqu’à la forteresse médiévale du XIe siècle qui dévoile un beau panorama sur les plaines environnantes légèrement ondulées. Il règne une belle atmosphère arabo-andalouse dans ce village de charme. Nous prenons une pause sur la magnifique petite Plaza d’España et assistons au passage inattendu d’une course de vélo de montagne en cours dans la région. Puis nous retrouvons notre hôtel en début d’après-midi pour profiter de la plage ensoleillée ainsi que de l’immense piscine (un peu fraiche) extérieure. C’est aussi ça les vacances !
























Jour 7 | Tarifa et Barbate : nous suivons la côte vers l’Est pour rejoindre Tarifa, station balnéaire réputée pour ses plages venteuses et ses rouleaux qui font le bonheur des surfeurs. Ces vents forts sont générés par un goulet entre l’Afrique et l’Europe constitué par les montagnes situées de part et d’autre du détroit de Gibraltar, tout près de là. Sa principale curiosité est l’Isla Las Palomas, la pointe la plus méridionale de l’Europe continentale. C’est aussi la ligne de partage des eaux entre la Mer Méditerranée et l’Océan Atlantique. Elle démarque la séparation entre la Costa de la Luz à l’Ouest, qui s’étend jusqu’à Cadix, et l’ultra-bétonnée Costa del Sol à l’Est qui s’étale jusqu’à Nerja. Au loin, on aperçoit la silhouette des côtes marocaines. Pour être honnête, nous n’avons pas spécialement été emballé par la ville qui présente finalement peu d’intérêt, hormis un petit centre-ville fortifié, colonisé par des boutiques branchées. C’est peut-être simplement la grisaille de la matinée qui a rendu notre visite moins exaltante.













Nous rentrons par la route côtière pour trouver un lieu où déjeuner. Après une recherche infructueuse à Zahora de los Atunes, station balnéaire désertée, nous trouvons finalement un petit resto de tapas gastronomiques, le Viu à Barbate, offrant comme son nom l’indique une belle vue mer. Nous traversons ensuite le Parque Natural de la Brena y Marismas, pourtant propice à la randonnée, mais les enfants sont trop impatients de retrouver la piscine de l’hôtel !
Jour 8 | Cadix : nous passons notre dernière journée à Cadix, situé à 45km à l’Ouest de Conil. La capitale régionale est accessible par une route unique qui emprunte une étroite bande de terre posée entre l’Océan Atlantique et une baie intérieure. A notre arrivée, Cadix est enveloppée dans une épaisse brume de mer. Il faut d’abord traverser des quartiers modernes sans grand intérêt avant de rejoindre la vieille ville. Puis nous arrivons aux portes de la ville intra-muros qui s’avance comme un ultime fer de lance dans l’océan. C’est une cité historique bâtie sur le roc, protégée par d’épaisses murailles. Au XVIe siècle, elle fut le port d’attache de la marine espagnole, d’où s’élançaient galions et caravelles à la conquête du Nouveau Monde. La cité portuaire comprend plus d’une centaine de miradors, dont l’emblématique Torre Tavira. Nous commençons notre visite par la Catedral de Cádiz, datant du XVIIIe siècle, dont la silhouette s’impose sur le front de mer encore embrumé. Puis nous flânons dans les rues vivantes et commerçantes du centro.







Un passage au Mercado Central de Abastos s’impose pour humer les produits locaux. C’est le point de rencontre incontournable des habitants venus s’approvisionner en produits frais et des visiteurs de passage venus se restaurer aux nombreux kiosques à tapas.




La brume s’est partiellement dissipée, dévoilant un ciel azur qui contraste avec les façades colorées. Elle est encore bien présente en mer, nous empêchant de voir et de rejoindre le Castillo de San Sebastian, une forteresse occupant une petite ile au large de la côte. Nous traversons le jardin botanique Genovés, puis longeons la plage de La Caleta avant de plonger dans le barrio de La Viña, le quartier traditionnel des pêcheurs, avec ses vieilles tavernes andalouses et ses bars à tapas animés. Nous rejoignons à nouveau le centre pour déjeuner au Sopranis 5, un excellent bar à tapas.









Cadix a été un véritable coup de cœur. Souvent délaissée au profit de Séville ou Malaga, c’est pourtant une ville magnifique, mélange d’architecture baroque et coloniale, qui a gardé son âme. Épargnée par le tourisme de masse, on peut y partager des tranches de vie de ses habitants qui occupent encore majoritairement les ruelles du centre, contrairement à la capitale andalouse (Séville) qui a perdu toute son authenticité. De retour à l’hôtel, nous profitons à nouveau de sa proximité avec l’immense Playa de La Fontanilla pour la plus grande joie des enfants.







Jour 9 | Conil > Séville > Zurich : malgré un temps couvert, nous profitons encore quelques heures de la plage avant de quitter l’Hipotels et de prendre la direction de l’aéroport de Séville, situé à 2 h de route. Voilà qui achève notre découverte de l’Andalousie, une province riche et incroyablement variée, qui mérite que l’on s’y perde pour sortir des sentiers battus. Sûrement une excellente raison pour y revenir une troisième fois !




Road-trip effectué du 22 au 30 octobre 2019 – Séville, Cordoue, Conil de la Fronteja, Vejez de la Fronteja, Tarifa, Cadix – Espagne

