
Rapa Nui : à la rencontre des Moaï
Tel un confetti posé au milieu du Pacifique sud, Rapa Nui, alias l’île de Pâques, est une île volcanique, l’une des plus isolées au monde. La côte du Chili, dont elle dépend, se trouve à 3 750 km à l’est ; Tahiti, à 4 100 km à l’ouest. Grands navigateurs, les Polynésiens ont colonisé cette île perdue aux confins du monde dès le IVe siècle. Dans sa roche tendre, ils ont taillé les Moaï, incarnations des ancêtres divinisés. Ce trésor historique et humain, classé au patrimoine mondial par l’UNESCO, révèle une multitude de sites fascinants au milieu de paysages étonnants.
Nous avons passé 8 jours sur l’Ile de Pâques. Cela peut sembler long, la plupart des visiteurs y passant tout juste 3 ou 4 jours. Ce séjour prolongé nous a permis d’alterner les visites des nombreux sites, sans empressement, ponctuées par des pauses régulières sur la magnifique plage d’Anakena. Le bénéfice du temps nous permet aussi de composer avec une météo très changeante.
Jour 1 | Santiago > Hanga Roa : après 5 h 30 de vol, nous nous posons au beau milieu de l’océan Pacifique, sur la minuscule Isla de Pascua. Nous sommes accueillis à l’aéroport par Marcela, gestionnaire des Cabañas Morerava où nous séjournerons pour une semaine. Ces cottages à l’architecture innovante sont situés à 2 km du centre d’Hanga Roa. L’île étant minuscule (23 km sur 12 km…), il n’y a aucun besoin de changer d’hébergement durant le séjour. D’où la nécessité de choisir un logement confortable et fonctionnel, permettant aussi d’y prendre quelques repas.





Après avoir posé nos bagages, nous nous rendons à pied à Hanga Roa en passant par la côte et rencontrons nos premiers Moaï, sur les sites d’Hana Kio’e. Apprécié par les habitants pour venir admirer le coucher de soleil, ce site archéologique se compose de sites cérémoniels et de trois plateformes avec des Moaï (Tahai, Vai Uri, Ko Te Riku).







Jour 2 | Hanga Roa > Kakenga > Anakena : nous récupérons notre voiture de location, un petit 4×4 Suzuki Jimny loué chez Oceanic Rapa Nui, idéal pour explorer les routes et chemins de l’île. Pour cette première journée, nous avons prévu un programme assez léger. Le matin, nous nous rendons à la grotte Ana Kakenga, une cavité d’une cinquantaine de mètres formée il y a quelques milliers d’années par la lave en fusion. Il faut prévoir une lampe de poche et quelques exercices de contorsion pour y accéder ! La grotte se termine par deux grandes fenêtres naturelles situées à 30 mètres au-dessus de la mer. Le site n’est pas spécialement incontournable, mais autorise une belle balade sur la côte déchiquetée.








En ce dimanche ensoleillé, nous passons le reste de la journée sur la plus grande plage de l’ile, Anakena. Des paillotes qui servent de Pisco Sour à tomber, des palmiers, du sable blanc, une eau à 25°C, des Moaï stoïques, tous les ingrédients sont réunis pour une vraie plage de carte postale !






Jour 3 | Rano Raraku : voici l’un des sites les plus spectaculaires de l’Ile de Pâques : la carrière de Rano Raraku, véritable fabrique de Moaï ! Nous commençons la visite par une courte randonnée qui monte au sommet du volcan Raraku. Le sentier conduit au lac du cratère, autour duquel se reposent quelques Moaï, et des vaches qui leur tiennent compagnie.







Puis nous nous rendons dans la carrière où un réseau de sentiers chemine parmi les Moaï. On en dénombre pas moins de 397 en cours de construction (ou de livraison), gisant à même le sol, figés dans une attente éternelle pour un accomplissement qui ne se produira jamais. Les visages figés se succèdent, certains incomplets, d’autres le nez planté dans le sol, ou le buste coupé en deux… Certains demeurent même à moitié taillés dans la falaise de tuf volcanique.











Nous visitons ensuite sur l’un des sites les plus emblématiques de l’ile, Tonariki, situé tout près de la carrière de Rano Raraku. Une impressionnante rangée de 15 Moaï, dos à l’océan, se dresse sur un Ahu, une plateforme cérémonielle en pierre. A quelques mètres, leurs coiffes ou Pukao, taillées dans du basalte, reposent sur le sol. Par sa grandeur et son ouverture sur l’océan, le site dégage une ambiance plutôt solennelle.










Jour 4 | Rano Kau & Orongo : nous laissons notre 4×4 au pied du volcan et choisissons de grimper au sommet par le sentier pédestre. Après 1 h 30 d’efforts, nous atteignons la lèvre du volcan Rano Kau, qui offre une vue époustouflante sur son cratère transformé en lagune. Parfaitement rond mais ébréché sur l’océan, il présente un diamètre de 1,6 km et une profondeur de 200 mètres. L’accès y est interdit, s’agissant d’une zone naturelle protégée.















Non loin du cratère se trouve l’ancien village d’Orongo. L’Ile de Pâques a connu un « après-Moaï », un temps où la guerre des clans faisait rage et où le pouvoir protecteur de ces ancêtres de pierre ne pouvait plus rien pour protéger les hommes des catastrophes. Cette époque est celle qui a vu naître un nouveau culte : celui de « l’Homme Oiseau », ou Tangara Manu. Le défi consistait à trouver un œuf de Manutara, un oiseau migrateur qui nidifie sur les îles Motu Nui, voisines de l’île de Pâques. Les hommes restaient sur ces îlots des jours durant, à survivre avec le strict minimum, pour enfin retraverser la mer à la nage, avec leur œuf… Une fois arrivé sur la terre ferme, ils devaient escalader la paroi rocheuse pour arriver au site d’Orongo, perché au-dessus des falaises, et devenir ainsi Tangara Manu, le nouveau roi pour l’année à venir. Aujourd’hui le site d’Orongo abrite un petit musée très instructif sur cette page de l’histoire de Rapa Nui, ainsi que les ruines d’habitations en pierre.








Sur la route du retour, nous faisons un arrêt à Vinapu, un tout petit site souvent oublié des touristes. Ici les Moaï, poussés par le vent, ont le nez dans l’herbe. Mais sa principale particularité, c’est le mur de l’Ahu construit avec des blocs de pierres ajustées, à la manière des constructions incas.






Jour 5 | Museo antropologico & Vaihu : cette journée pluvieuse nous invite naturellement à visiter le musée antropologique de Rapa Nui. Malgré sa taille modeste, l’exposition permanente rassemble tout de même 15 000 objets, dont la plupart sont des outils lithiques (en pierre) ainsi que d’autres artefacts en os, coraux et bois. Il faut compter 2 heures de visite plutôt instructive pour mieux comprendre l’histoire de l’île et la culture rapanui.




Après un succulent déjeuner au restaurant Te Moana, nous nous rendons à Vaihu, un site cérémoniel qui n’a jamais été restauré. Il s’agit d’un bon exemple de la période dite de Huri Moaï ou « démolition du moai », qui a eu lieu à partir du XVIIIe siècle à la suite de conflits entre les différents clans de l’île. Les Moaï se retrouvent le nez dans l’herbe et leurs Pukao ont roulé jusqu’à la mer. Devant la plate-forme, sur le sol, il y a un grand cercle de pierres appelé Paina utilisé pour des rituels commémoratifs destinés à rendre hommage à différents membres de la famille.





Cette journée maussade s’achève par un coucher de soleil rougeoyant qui enflamme les Moaï de Tahai, leur donnant un air encore plus mystérieux.






Jour 6 | Tongariki, Tere-vaka, Akivi & Tepahu : aujourd’hui, réveil difficile car très matinal : nous nous rendons à nouveau sur le site de Tongariki afin d’assister au coucher de lune ! Ou lever du soleil si vous voulez ! Un moment unique véritablement magique…










Après être repassé par notre cabaña pour prendre le petit déjeuner, nous nous dirigeons vers le centre de l’île pour gravir le mont Tere-vaka, point culminant à 511 m. Nous traversons un paysage bosselé et verdoyant, occupé par quelques chevaux solitaires. Le beau temps est de retour et nous profitons d’une vue incroyable à 360o sur l’ensemble de Rapa Nui.















Une fois redescendu, nous nous arrêtons au site d’Ana Te Pahu, particulier à plus d’un titre : avant tout, il ne se trouve pas en bord de mer comme tous les autres, mais presque au centre géographique de l’île. On peut y observer 7 majestueux Moaï, le regard perdu vers l’horizon bleu, ce qui fait d’eux des statues uniques, car ce sont les seuls monolithes de l’île tournés vers la mer. Ces 7 Moaï représenteraient les 7 premiers explorateurs qui posèrent le pied à Rapa Nui.




Enfin nous terminons d’explorer ce secteur par la visite de la grotte d’Ana Te Pahu, impressionnante cavité formée dans la roche volcanique, et autrefois habitée.






Après une petite trempette à la plage Anakena, nous rejoignons la terrasse du Te Moana pour savourer un Pisco Sour bien mérité après cette longue journée !







Jour 7 | Puna Pau, Papa Vaka & Pito Kura : dernière journée de visite qui commence par Puna Pau. Tout comme Rano Raraku, il s’agit d’une carrière, mais de Pukao, les fameuses coiffes des statues. Ce volcan éteint était l’unique source de l’île pour extraire la roche volcanique rouge (dû à sa forte teneur en fer) et poreuse, utilisée pour sculpter les Pukao.







Puis nous nous dirigeons vers Papa Vaka, un site archéologique reconnu pour ses pétroglyphes. La plupart représente des figures marines : poissons, mais aussi vaka (canoës) et les mangai (hameçons).




Enfin nous terminons nos nombreuses visites par le site de Pito Kura qui présente 2 particularités : celui d’avoir le plus grand Moaï transporté de la carrière du volcan Rano Raraku et érigé sur un Ahu. Malgré qu’il soit aujourd’hui tombé au sol, ses dimensions sont impressionnantes : ses oreilles mesurent 2 mètres, sa hauteur atteint 10 mètres et son poids est estimé à plus de 80 tonnes. À quelques pas se trouve une grosse pierre toute lisse en forme d’œuf de 80 centimètres de diamètre. Selon la légende, elle aurait été apportée par Hotu Matu’a, le roi fondateur du peuple rapanui, sur son bateau depuis Hiva, son pays natal. On dit que cette roche concentre une énergie magnétique et surnaturelle appelée Mana.





Il y a 2 plages sur l’île de Pâques : la minuscule Playa Ovahe et son sable rose, mais qui s’avère trop dangereuse pour la baignade. Nous lui préférons la plage Anakena où nous passerons notre dernière soirée attablée à une paillote !



Jour 8 | Hanga Roa > Santiago : nous passons notre dernière matinée à Hanga Roa. Sur la route, nous nous arrêtons au petit cimetière de la ville qui possède lui aussi son Moaï ! Après avoir rendu notre voiture de location, nous nous dirigeons vers le marché artisanal local. On y trouve beaucoup de bibelots dont on peut parfois douter de l’origine… Nous nous contenterons d’un Moaï miniature sculpté sur place ! Enfin nous nous rendons à la poste pour affranchir quelques cartes postales, avant de sauter dans un taxi pour rejoindre l’aéroport. Nous laissons l’île de Pâques dernière nous, bien conscients du privilège que nous avons eu de visiter cet endroit éblouissant.











CARNET PRATIQUE :
S’y rendre : depuis notre voyage, des restrictions d’accès visant à contingenter le nombre de visiteurs sur l’île ont été mis en place par le gouvernement chilien. Renseignez-vous avant d’acheter vos billets d’avion !
Se déplacer : si vous voyagez en famille ou en groupe, louer une voiture, alternative bien pratique en l’absence de transports en commun. Les plus sportifs loueront des vélos, mais n’oubliez pas que l’île est venteuse !
Où manger : le TeMoana en front de mer, proche de la Caleta. Pour un Pisco ou une assiette de thon grillé, c’est absolument délicieux. Nous y sommes allés 3 fois ! Sur la plage Anakena, la première paillote à droite propose de belles assiettes, les pieds dans le sable…
Quoi apporter : si vous séjournez dans une cabaña, apporter avec vous un maximum de provisions car toutes les denrées alimentaires sont 2 à 3 fois plus chères que sur le continent. Aussi la météo est très changeante sur l’île. Même s’il n’y fait jamais froid, prévoyez des vêtements de pluie !

Voyage effectué du 29 avril au 7 mai 2016 – Rapa Nui, Chili


Un commentaire
Isabelle PARISOT
Superbe article !
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