Amérique du Sud,  Chili

Patagonie chilienne : de Torres del Paine à Magallanes – Partie 2 (Magallanes)

A l’extrême sud du Chili, face à la grande île de la Terre de Feu, la région de Magallanes révèle une nature encore plus sauvage et hostile que dans le reste du pays. Le mythique Parc National Torres del Paine est un concentré de cette nature brute, où se côtoient steppes, forêts, montagnes, lacs, cascades et glaciers. La fin du grand continent américain est stoppée net par le détroit de Magellan, une zone côtière balayée par des vents rugissants. Il n’y a aucun doute, nous sommes bien au bout du monde.  

PARTIE 2 – Punta Arenas, Isla Magdalena et Détroit de Magellan

Jour 6 | Baranca > Punta Arenas : nous laissons derrière nous le Massif del Paine (retrouvez-ici l’article de la première partie de notre road-trip) et reprenons la Ruta del Fin del Mundo sur 300km pour rejoindre Punta Arenas. Nous déposons nos affaires à l’Apart Hotel Quillango, un établissement moderne situé non loin de la Cerveceria Austral avant de partir déjeuner au charmant café Tapiz.

Puis nous nous rendons au Museo Nao Victoria au nord de la ville, un curieux chantier naval où des passionnés ont entrepris de reconstruire des répliques de bateaux historiques. Une belle entrée en matière, car on y trouve notamment le Nao Victoria, celui-là même qui amena Fernand de Magellan en ces lieux il y a 500 ans. La visite est très ludique, idéale avec des enfants qui découvrent la vie à bord de trois navires légendaires. Des costumes et accessoires d’époque sont à disposition pour rendre l’expérience encore plus interactive.

Nous poursuivons notre découverte du Détroit de Magellan en nous baladant sur l’Avenida Costanera del Estrecho qui longe le détroit, ponctuée par de vieux pontons, dont la Muelle Loreto, et un monument à la gloire de Magellan. Le Mercado municipal et le Centro artisanal méritent aussi une petite visite. C’est également à Punta Arenas que se trouve la fameuse Cerveceria Austral. Dommage que cette célèbre brasserie n’organise pas de visites et ne dispose pas d’espace de dégustation.

Jour 7 | Punta Arenas – Isla Magdalena : au petit matin, nous prenons la direction de la base navale de Punta Arenas pour nous rendre sur un caillou posé en plein milieu du détroit de Magellan, le fameux Monumento nacional Los Pinguinos, une réserve naturelle située à 35 km au nord de la côte. C’est apparemment l’une des plus grandes pingüineras du sud du Chili, la colonie étant évaluée à près de 150 000 pingouins qui se retrouvent là chaque année en septembre pour se reproduire et pondre leurs œufs. Ils en repartent une fois leurs progénitures sevrées et prêtes au voyage, en février. C’est donc la période idéale pour une visite. Inutile de passer par un tour qui surfacture cette excursion. Nous privilégions l’option la plus économique qui est d’embarquer sur le ferry Melinka de la compagnie Comapa se rendant quotidiennement sur l’ile. Nous avons mis seulement 1h30 pour y arriver sous un soleil radieux mais la durée peut varier selon les aléas météos. Une fois débarqués sur l’ile, nous cheminons au milieu des innombrables terriers de pingouins qui ont transformé ce lopin de terre en gruyère. Le chemin strictement balisé mène au phare qui présente un petit musée et un minuscule oratoire. L’étape sur l’ile dure 1 heure environ, ce qui est plutôt suffisant 1- pour ne pas déranger trop longtemps les hôtes et 2- parce que l’odeur, acre, y est assez insupportable… Heureusement, le vent marin rafraichit régulièrement les lieux.

Nous consacrons notre après-midi au centre de Punta Arenas qui abrite une place centrale plutôt élégante, aux influences européennes. Cette ville nous a agréablement surpris. La Plaza de Armas est bordée par des bâtisses cossues du début du XXe siècle, témoignages d’une prospérité passée, fruit de l’élevage du mouton et du trafic maritime aujourd’hui détourné vers le Canal de Panama. La visite du Museo Regional de Magallanes  qui occupe l’une de ces maisons bourgeoises apporte un éclairage intéressant sur l’histoire et le développement de Punta Arenas. Aux pièces richement meublées avec du mobilier d’époque très bien conservé succèdent des salles dédiées à l’extermination des indigènes par les colons. Enfin, nous achevons cette belle journée en grimpant au Mirador Cerro de la Cruz qui surplombe la ville, offrant un panorama exceptionnellement dégagé sur l’agglomération et le Détroit de Magellan.

Jour 8 | Punta Arenas – Fuerte Bulnes : pour cette dernière journée, nous nous rendons au Parque del Estrecho de Magallanes, une zone naturelle préservée située sur une presqu’île, à une cinquantaine de kilomètres au sud de Punta Arenas. C’est ici que fut fondée Fuerte Bulnes en 1843, la première ville de Patagonie, stratégiquement placée pour surveiller de près le passage des navires dans le détroit. Les lieux sont remarquablement bien préservés. Derrière la palissade de bois de la forteresse, nous découvrons la caserne, la carcel (prison), les batteries avec leurs canons rouillés tournés vers le détroit, la chapelle et les écuries. Tous ces édifices sont bâtis en pierre et en rondins de bois parfaitement ajustés. Puis à quelques pas du fort, nous poursuivons par une agréable balade sur un sentier côtier qui traverse une belle forêt de Nothofagus. Des points de vue ont été aménagé pour apprécier des panoramas magnifiques sur les îles du détroit et les montagnes de la Péninsule Brunswick. A la vue des énormes troncs échoués à l’extrémité de la presqu’île, nous mesurons la puissance des vents et des courants qui sévissent dans la région du Détroit de Magellan.

Nous clôturons notre visite par le tout nouveau centre de visiteurs, un bel édifice contemporain qui s’inscrit parfaitement dans cet environnement sauvage et venteux. Plusieurs expos interactives sur l’histoire de la région et la vie marine du détroit, ainsi qu’une boutique de musée bien fournie complète à merveille la journée passée sur ce site historique. De retour à Punta Arenas, après cette journée au grand air, nous nous réfugions à l’excellente pizzeria Mesita Grande, un resto chaleureux aux allures de loft new-yorkais.

Jour 9 | Punta Arenas > Santiago : déjà le jour du retour sur un vol matinal pour rejoindre Santiago ! Ce fut le dernier road-trip chilien d’une longue série effectuée du nord au sud de ce pays incroyablement attachant. Ces escapades nous ont permis de mesurer tous les extrêmes tant géologiques que climatiques qui cohabitent dans ce pays fascinant qui regorge de parcs nationaux et de réserves naturelles. Définitivement une destination de rêve pour les amoureux de nature et de grands espaces.

CARNET PRATIQUE :


Visiter :
Parc national Torres Del Paine : soyons honnêtes, avec plus de 75.000 visiteurs annuels concentrés sur une période estivale d’à peine 3 mois, le parc est victime de son succès. Son extrême isolement et son exceptionnelle beauté en font un parc élitiste, mais surtout une machine à cash… Deux types de clientèle s’y côtoient : les routards économes, amateurs de randonnée, et les touristes fortunés de l’hémisphère nord. Entre ces deux mondes, il est parfois difficile de trouver des hébergements adaptés aux familles. Si vous prévoyez de faire les fameuses randonnées itinérantes W et O, sachez qu’elles nécessitent un minimum d’organisation pour réserver les nuitées dans des refuges aux capacités limitées.
Aussi il faut composer son programme avec une météo hyper changeante. Les photos en témoignent, nous avons eu une chance incroyable d’avoir un temps clément pendant ces 9 jours passés en Patagonie. Bien que nous ayons booké à l’avance nos hébergements, nous avions pris le risque de réserver la croisière au Glaciar Grey et l’Isla Magdalena la veille du départ, pour optimiser les chances d’avoir une météo favorable.

Se loger :
Puerto Natales : l’Hostel Amerindia offre des chambres cosy et confortables, en plein centre de la bourgade. Le café attenant est délicieux.
Torres Del Paine : les hébergements dans le parc sont hors de prix. En témoigne la présence de plusieurs hôtels 5* (Explora, Tierra Patagonia) et du Relais et Châteaux Awasi. Après, tout est une question de budget ! La meilleure option pour une famille est l’Hôtel Rio Serrano: bien situé, prix relativement correct par rapport à la concurrence, chambres très spacieuses pour les familles. Seul bémol, la nourriture du restaurant est terriblement chère et épouvantable. Il y a malheureusement peu d’options autour de l’hôtel, juste un petit restaurant qui n’offre guère mieux.
– L’Estancia Tercera Baranca: il faut plus y aller pour la magie de l’environnement que pour l’hôtel car pour le confort, on repassera. Plutôt spartiate rapport à un tarif élevé mais les options sont extrêmement limitées dans la région. Seul point positif, une délicieuse table d’hôte.
Punta Arenas : Apart Hotel Quillango : un peu à l’écart du centre, cet établissement confortable est adapté aux familles avec ses appartements de 2 chambres, mais mériterait un accueil un peu plus professionnel.

Manger :
– The Singular à Puerto Natales a été un véritable coup de cœur. Incontournable et singulier.
– La pizzeria Mesita Grande à Punta Arenas, dans un bel édifice du XIXe. Un lieu très chaleureux, les pizzas y sont absolument succulentes.  

Road-trip réalisé du 30 janvier au 7 février 2016 – Punta Arenas, Puerto Natales, Chili

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *