
Monténégro : Petrovac et le lac Skadar
Le sud du Monténégro s’étire le long de l’Adriatique jusqu’à la frontière albanaise sur une côte très découpée, alternant falaises et plages de sable ou de galets. Le littoral abrite quelques stations balnéaires reconnues telles que Bar et Petrovac. C’est également dans cette région que se trouve le célèbre lac Skadar, l’un des cinq parcs nationaux du Monténégro. Plus grand lac de la péninsule balkanique, partagé avec l’Albanie voisine, la superficie de son bassin varie de 370 km² en été à 540 km² en hiver. Sa profondeur moyenne est d’à peine 5 mètres, ce qui lui donne des allures de marais, bien qu’il soit le plus grand lac d’Europe du Sud.
JOUR 8 | Žabljak > Pétrovac : nous laissons Žabljak derrière nous (retrouvez l’article ici), emballés par ce coin de montagne encore sauvage. Nous décidons de rejoindre la côte en passant par Kolašin, un autre village de montagne également réputé. C’est aussi le prétexte pour emprunter la route panoramique #1 (R18) qui traverse une magnifique zone montagneuse peu fréquentée. Les paysages sont incroyables, ruraux, encore vierges de tout développement touristique. Comme nous avons finalement écarté la visite du Monastère d’Ostrog pour éviter la foule, nous effectuons un arrêt au Monastère Morača, plus modeste mais très bien entretenu, avant de monter à la station de Kolašin. Le monastère est perché sur une falaise au-dessus du canyon de Morača, une situation exceptionnelle dégageant une certaine sérénité.












Après une rapide visite, nous montons à Kolašin pour la curiosité de voir à quoi ressemble la plus grosse station de ski du pays. Le centre-ville, blotti au pied de la montagne Bjelasica, dégage un certain charme avec quelques bâtisses d’époque et ses rues pavées. Nous déjeunons sur la Vukmana Kruscica Square au Konoba Nišavić, un restaurant avec une belle salle rustique, qui propose comme toujours une cuisine monténégrine roborative. Kolašin présente peu d’intérêt sinon sa situation entourée de montagnes que nous n’aurons pas le temps de découvrir. Nous renonçons finalement à monter au centre de ski Kolašin 1600 situé à une vingtaine de kilomètres plus à l’est, et qui n’a quasiment pas ouvert cette année faute de neige.



Avec l’engouement des monténégrins pour le ski alpin, Kolašin est désormais connecté à Porogica, la capitale, par une autoroute flambante neuve. Mais nous passons la capitale rapidement car selon nos fidèles guides de voyage, la ville présente peu d’intérêt. Nous retrouvons alors la côte adriatique en arrivant à Petrovac, petit village abrité dans une baie splendide entre la mer au loin et la montagne derrière nous. Le front de mer pourrait être magnifique s’il n’était pas défiguré par deux squelettes de béton, des hôtels**** (le Crystal et le Rivijera) dont les extensions se sont arrêtées nettes et laissées à l’abandon. Ce sont malheureusement des situations que l’on a constaté souvent sur la côte monténégrine, à Budva notamment. Certains promoteurs immobiliers ont la folie des grandeurs mais n’arrivent pas à livrer les chantiers… Après notre check-in à l’hôtel Harmony, nous partons découvrir Petrovac, plutôt calme en ce début de saison. Nous marchons jusqu’à la citadelle qui offre un très beau point de vue panoramique sur le village, ses deux ilots au large et les falaises qui plongent dans la mer. Après un petit apéro au Ponta, un petit bar perché sur un cap, nous dinons sur le port au Konoba Tramontana pour apprécier le coucher de soleil.









JOUR 9 | Petrovac > Lac Skadar : c’est un incontournable du Monténégro : l’immense Lac Skadar, partagé avec l’Albanie voisine. Et la meilleure façon de découvrir cet endroit lacustre, c’est bien évidemment de s’y promener en bateau, activité très populaire si l’on en croit le monde à notre arrivée à Virpazar. C’est le point de départ de toutes les croisières sur le lac. L’arrivée est un peu chaotique. Nous stationnons notre voiture à l’entrée du village avant de nous faire alpaguer par les vendeurs de croisières d’un jour. Le village est minuscule et présente peu d’intérêt : un pont en pierre, une statue sur un rocher, une place centrale sous des arbres imposants et puis… voilà. Nous nous écartons de la rue principale et nous dirigeons vers le kiosque de Boat Milicia, une compagnie familiale qui nous semble plus « honnête » que les autres. Après discussion avec Milicia, nous convenons de participer à un tour d’une dizaine de personnes, départ à 13h30. Cela nous laisse deux heures à tuer, et nous décidons de faire l’aller-retour à Pavlova Strana par une petite route de montagne. C’est un point de vue iconique du pays, où la rivière issue du lac fait une boucle parfaite autour d’une colline boisée. Le cadre est magnifique et invite à l’imagination.







Il faut vite retourner à Virpazar pour notre croisière. Comme nous étions un peu juste sur l’horaire, Melicia nous propose de nous envoyer la carte du resto voisin Silistria et de commander notre déjeuner afin d’être prêts à embarquer à 13h30. Super service ! Après avoir avalés nos plats, nous montons à bord d’un joli bateau traditionnel en bois et commençons par suivre un canal entouré de roseaux. Nous débouchons alors sur le lac Skadar, immense, coiffé par les Alpes albanaises, au loin. Nous partons vers le nord, naviguant sur des eaux limpides au milieu des nénuphars jaunes et blancs et des algues vertes. Nous débarquons pour monter en haut d’une petite colline où se trouve le monastère Kom, un endroit paisible qui offre un magnifique point de vue sur le lac. Puis nous rentrons par le même chemin, accompagnés par d’innombrables oiseaux.



















JOUR 10 | Mont Lovćen : nous étions restés sur notre faim lorsque nous nous étions rendus au Mont Lovćen alors que le sommet était totalement bouché par les nuages. Nous avons donc décidé d’y retourner pour faire un tour de VTT avec Dejean, un associé de Boris de Durmitor Adventure, chez qui nous avions loué notre matériel à Žabljak. Nous nous retrouvons au café Forest situé à Ivanova Korita, un lieu de rassemblement qui regroupe l’office du tourisme, un parcours d’accro-branches, des restaurants et un hôtel. Nous ferons la sortie avec un couple de jeunes allemands expérimentés. Nous récupérons les mêmes vélos que ceux loués au Durmitor ce qui facilite la prise en main ! Après un échauffement autour de d’Ivanova Korita, nous nous engageons sur plusieurs single trails pour rejoindre les hauteurs de Majstori qui offre un point de vue époustouflant sur le littoral et la baie de Kotor, au loin.













Puis nous poursuivons sur de beaux chemins de montagne qui traversent de hauts plateaux et dévoilent à nouveau un superbe panorama sur Tivat et la baie. Nous atteignons le village isolé de Dolovi, dont les vieilles maisons sont bordées de murets en pierre sèche. Puis nous poursuivons notre ascension jusqu’au sommet, aidés par l’assistance électrique de nos vélos. Nous atteignons la nouvelle station de téléphérique qui est en cours de finition, l’ouverture étant prévu début mai 2024. Un petit pumptrack a été aménagé, prétexte à quelques tours avant de redescendre par la route goudronnée, ce qui est en soit un peu dommage lorsqu’on roule sur des VTT. Bref nous arrivons finalement dans la maison de campagne de Dejean qui nous offre le pique-nique. Nous passons un moment bien sympa à discuter ensemble, nous expliquant les enjeux du développement touristique de son pays.









Sur la route, nous ne résistons pas à faire une pause photo devant l’ile de Sveti Stefan, un complexe hôtelier réservé aux ultra-riches… A voir le nombre de touristes arrêtés là pour immortaliser la vue, c’est sans doute l’île la plus photographiée du Monténégro ! Puis nous rejoignons Petrovac pour un petit bain de mer et un dernier apéro au Ponta suivi d’un diner sur le port au Konoba SM, un très bon restaurant de poissons à l’ambiance plutôt familiale.







JOUR 11 | Petrovac > Dubrovnik : l’heure du retour a déjà sonné. Nous nous mettons en route vers la frontière croate. En chemin, nous faisons un dernier stop au Manastir Reževići, un charmant petit monastère qui surplombe la mer.







La route en direction de la Croatie est assez encombrée en cette veille de 1er mai, le trafic est dense sur les roues monténégrines plutôt étroites, il nous faudra compter trois heures pour traverser les villes de Budva, Tivat et Herceg Novi. Pour éviter l’attente à la frontière que nous avons connu lors de notre arrivée, nous choisissons de passer par la route secondaire 516 qui traverse une zone montagneuse, plus isolée. Il n’y a quasiment personne au poste frontière, nous passons les douanes en moins de 5mn ! Nous poursuivons sur une belle route de campagne qui nous ramène directement à l’aéroport de Dubrovnik. Notre vol étant prévu en toute fin d’après-midi, nous décidons de passer la journée à Cavtat, un magnifique village situé dans une crique au bord de l’Adriatique, à 10mn de l’aéroport. Après un agréable déjeuner sur le port au Dalmatino, nous partons faire le tour de la presqu’ile de Cavtat sur sentier côtier. La température permet même de faire une trempette ! Nous revenons par l’intérieur du village et remarquons de nombreuses locations saisonnières encore vacantes en ce début de saison. Avec ses rues pavées, ses belles maisons en pierre, ses plages et ses pinèdes, Cavtat est un vrai coup de cœur, et un révélateur du contraste saisissant entre la Croatie et le Monténégro. Voilà qui termine bien ce séjour dans les Balkans !


















Bilan : si nous devions conseiller ou retourner au Monténégro, ce serait pour ses magnifiques montagnes encore vierges et ses routes panoramiques sinueuses. Il y a de nombreux chemins à découvrir du côté des parcs nationaux du Durmitor et du Biogradska gora que nous n’avons pas eu le temps d’explorer. Nous avons moins aimé la côte, en proie à d’avides promoteurs immobiliers en train de la bétonner sauvagement. Nous avons également remarqué un vrai écart dans la qualité des infrastructures et des constructions entre la Croatie, visitée en 2022, et le Monténégro voisin.
Voyage réalisé du 20 au 30 avril 2024

