
Gasterntal, vallée confinée
Aux confins de l’Oberland bernois, juste au-dessus de Kandersteg et du tunnel ferroviaire du Lötschberg, se trouve la majestueuse vallée de Gasterntal. Elle fait partie de la zone classée au patrimoine de l’UNESCO Jungfrau-Aletsch, vaste région alpine qui abrite les plus grands glaciers européens. Cernée par de vertigineuses falaises, cette vallée est aussi un corridor qui permet de rejoindre le col du Lötschenpass, basculant dans le Valais voisin.
On l’aura bien mérité cette vallée ! Lors de notre première tentative à la mi-mai, où nous avions prévu de faire l’aller-retour dans la journée, nous avons dû rebrousser chemin car le sentier de randonnée venait d’être fermé en raison d’éboulements. Pour cette seconde tentative, nous avions prévu de passer la nuit tout au bout de la vallée, dans un chalet d’alpage. Mais la pluie a bien failli nous y faire renoncer, avant de profiter d’une courte accalmie qui nous a finalement convaincue de partir. Et nous ne l’avons pas regretté !
Jour 1 | Kandersteg > Heimritz | 11,5 km | D+ 400 m | 4 h
Nous quittons le parking du téléphérique de Sunnbüel sous la pluie, à l’affût d’une éclaircie. On est beaux avec nos ponchos ! Nous rejoignons le sentier 56 Lötschberg-Panoramaweg puis remontons les gorges de la rivière Kander, accompagnés par de nombreuses salamandres noires, ravies de cette humidité ambiante. La pluie cesse finalement lorsque nous atteignons le plateau du Waldhus à 1352 mètres d’altitude, qui révèle une nature sauvage, préservée des remontées mécaniques. C’est ici que l’on découvre d’impressionnantes falaises dont la verticalité est propice aux avalanches. On en remarque d’ailleurs les stigmates, des branches et des troncs brisés comme des allumettes jonchent les abords du chemin. D’interminables cascades dégringolent du haut de ces falaises abruptes. Nous suivons un agréable chemin forestier passant d’un bord à l’autre de la rivière, alternant avec la route, avant de rejoindre l’alpage de Selden qui regroupe deux petits hôtels. Après vingt minutes de marche supplémentaires, nous arrivons à l’alpage d’Heimrit, à 1630 mètres d’altitude, juste avant le retour de la pluie ! On se réfugie vite à l’intérieur de ce chalet centenaire. Le couple occupant les lieux séjourne ici tout l’été, de début juin à la mi-septembre, avec leurs bêtes : vaches et brebis, mais aussi poules et lapins, surveillés de près par les deux jeunes enfants de la famille.


















Jour 2 | Heimritz > Kandersteg | 11,5 km | D- 400 m | 3 h
Le soleil a fait son retour, et nous en profitons pour nous enfoncer un peu plus loin dans la vallée. Nous découvrons alors une impressionnante avalanche provoquée par les fortes pluies de vendredi. Des milliers de mètres cubes d’amalgame de neige, de roches et de branches ont recouvert une partie de l’alpage, jusqu’à la rivière Kander, à seulement une centaine de mètres du chalet ! La propriétaire nous avoue ne pas l’avoir entendue, et s’être réveillée le samedi matin en découvrant la présence de cette gigantesque coulée de neige. Nous ne pourrons atteindre le glacier de Kanderfirn, rendu inaccessible par les nombreux névés encore présents sur le chemin.














Nous faisons rarement des allers-retours sur un même itinéraire, préférant les boucles, mais la beauté du site nous invite à réviser nos habitudes ! Nous quittons Heimritz par la piste carrossable puis continuons par une variante en traversant une passerelle suspendue qui nous fait redescendre par l’autre bord de la rivière, et arrivons au Waldhaus pour un déjeuner ensoleillé en terrasse. Puis nous nous engageons à nouveau dans les gorges de la rivière Kander, suivant la seule route d’accès, spectaculaire, creusée dans la falaise. Le trajet à voie unique se fait d’ailleurs en circulation alternée, de 45 à 05 pour la montée et de 15 à 35 pour la descente ! La précision suisse est présente partout, même dans les vallées les plus reculées !




















CARNET PRATIQUE :

Où dormir/manger ?
Alp Heimritz : pour une nuit dans un authentique chalet d’alpage de 1907 ! On se croirait chez Heidi : des couettes épaisses remplacent le chauffage dans les chambres, tandis qu’on se régale d’un succulent diner à la lueur des lampes à huile. Et comble du luxe : il n’y a pas de réseau Internet… le bonheur retrouvé !
Berghotel Waldhaus : pour un déjeuner en terrasse afin d’admirer les impressionnantes falaises qui encadrent la vallée. Plats traditionnels suisses sans grande créativité.
Randonnée effectuée les 5 et 6 juin 2021

