
Chiloé : églises et palafitos du bout du monde
Terre de mythes, de pêcheurs et de gastronomie, Chiloé est la deuxième ile en superficie d’Amérique du Sud, après celle de la Grande Ile de la Terre de Feu. Son isolement insulaire, combiné à ses traditions historiques et culturelles, lui confère une place singulière au Chili. Mais son principal intérêt, au-delà de ses grands espaces préservés, c’est son patrimoine bâti : près de 60 églises, parfois bicentenaires, dont certaines inscrites au Patrimoine mondial de l’Unesco, et des maisons sur pilotis multicolores, qui égaient un ciel souvent tourmenté.
Jour 1 | Puerto Varas > Castro : nous laissons derrière nous les Andes (voir l’article Lacs et volcan andins, entre Chili et Argentine) afin d’embarquer sur le ferry à Pargua pour accomplir la traversée relativement courte (30 mn) et plaisante du canal de Chacao, séparant l’île de Chiloé du continent. Un pont suspendu long de 2 km est en cours de construction, mais après de multiples rebondissements et arrêts du chantier, l’ouvrage ne sera pas achevé avant 2023…




Arrivés sur l’ile, nous nous rendons à Castro, la capitale provinciale. C’est une petite ville attrayante, abritée dans un joli fjord, où l’on trouve les fameux palafitos, de petites maisons en bois montées sur pilotis. C’est d’ailleurs dans l’un d’entre eux, le Palafito del Mar, fraichement rénové, que nous passerons notre séjour.





Jour 2 | Castro : nous prenons la direction de l’ouest de l’ile pour nous rendre dans le secteur sud (Chanquin) du Parque Nacional de Chiloé. Cette vaste réserve (43.000 ha) abrite une faune chilote très riche (plus de 110 espèces d’oiseaux, renards et pudú, le plus petit cerf du monde). Nous effectuons une première randonnée en suivant le sentier des Dunas de Cucao qui nous mène à la plage. Nous pouvons ainsi apprécier l’immensité du littoral Pacifique, et sa côte sauvage balayée par les rafales. Dans les dunes, des vaches et des chevaux pâturent paisiblement. Malgré le grand beau temps, la plage est très exposée et particulièrement venteuse. Nous partons faire une boucle plus abritée dans les terres sur un sentier (El Tepual) bien aménagé avec des passerelles et des miradors en bois qui permettent de découvrir les nombreuses essences végétales (Tepú…) de cette forêt indigène, tout en les préservant.

























De retour à Castro, nous partons à la découverte de cette ville iconique avec ses fameux palafitos, petites maisons colorées et typiques en front de mer. Après un petit détour par le marché, une visite de l’iglesia de San Francisco s’impose : ses couleurs flashy jaune et mauve, et ses 2 tours de 42 mètres en font un monument incontournable, classée au Patrimoine mondial de l’UNESCO. L’intérieur, intégralement en bois, est tout aussi magnifique. La ville est très vivante (plus qu’Ancud), les chilotes sont nombreux à s’y promener et nous avons beaucoup apprécié son atmosphère relax. Nous terminons la journée au restaurant Mercadito de Chiloé qui propose une cuisine chilienne créative et savoureuse.













Jour 3 | Qinchao : nous consacrons cette journée aux fameuses églises qui font la réputation architecturale de l’archipel. Érigées au cours du XVIIe siècle pour servir l’évangélisation du Nouveau Monde, les missionnaires espagnols ont dû composer avec le savoir-faire indigène pour bâtir ces églises. La plupart a été construite intégralement en bois, à partir de techniques utilisées par les pêcheurs Huilliches pour la construction de leurs bateaux. Parmi les 60 églises encore debout, 16 d’entre elles sont déclarées au Patrimoine culturel mondial de l’UNESCO, formant ainsi la « Route des églises de Chiloé ». Impossible de toutes les visiter, il faudra alors faire une sélection. Nous embarquons sur le traversier à Dalcahue pour nous rendre sur l’ile voisine de Quinchao qui abrite quelques églises classées de Chiloé. Nous effectuons une première étape dans le petit village de Curaco de Velez regroupé autour d’une charmante place et d’une curieuse église verte. De belles demeures bourgeoises sont dispersées dans le village, dont les façades composées de petites plaques de bois ne sont pas sans rappeler les écailles de poisson. Tout près de la place, une petite feria artisanal présente un artisanat chilote de qualité (et notamment de superbes couvertures en laine).












Puis nous reprenons la route pour Achao, un village de pêcheurs s’étalant tranquillement le long d’une longue plage désolée. C’est ici que se trouve l’Iglesia Santa Maria de Loreto, inscrite au Patrimoine mondial. L’extérieur austère révèle une magnifique salle en bois dont les plafonds sont admirablement travaillés. Nous ratons de peu la feria gastronomica consacrée aux nombreuses variétés de pommes de terre chilotes !












Après un pique-nique en bord de mer, nous visitons l’iglesia Nuestra Señora de Gracia de Villa Quinchao, une autre église classée, dont la voûte n’est pas sans rappeler la cale d’un bateau renversé. Aussi, l’unique clocher, tel un phare, servait de point de repère aux pêcheurs. En parcourant la route panoramique qui traverse l’ile, au-dessus du golf de Chiloé, nous apercevons la Cordillère des Andes et ses sommets enneigés qui sont à plus de 60 km à vol d’oiseau…











Nous reprenons le traversier pour Dalcahue où nous avions prévu de visiter l’iglesia de Nuestra Senora de los Dolores mais elle est en complète rénovation… Dommage, ce sera pour une autre fois. Sur la place de l’église, nous en profitons pour faire une pause gourmande au charmant café-boutique Refugio del Navigante.



Puis nous terminons la journée dans le petit village isolé de Tenaùn, où se trouve l’Iglesia Nuestra Señora del Patrocinio. Ses couleurs vives et ses 3 clochers bleus dénotent dans le paysage environnant. Une belle lumière nous permet d’apprécier la plage déserte du village.









Jour 4 | Ancud : changement de décor, nous quittons la terre ferme pour une excursion au nord de l’ile, et découvrir la réserve des pingouins de Puñihuil. On ne se cachera pas que c’est l’une des attractions touristiques de l’ile. La brume de mer s’est invitée dans le ciel, mais cela confère un certain charme au site. Nous avions réservé auprès de la compagnie Pinguineras Chiloé. Après avoir enfilé nos gilets de sauvetage, nous grimpons sur une sorte de nacelle qui nous permet d’embarquer sur le bateau les pieds au sec. Plutôt malins ces chiliens. Une dizaine de minutes suffit pour atteindre le Monumento Natural Islotes de Puñihuil, un cap rocheux où une colonie de pingouins d’Humboldt et de Magellan a élu domicile. On y croise aussi des loutres de mer et de nombreux oiseaux marins. Il s’agit d’un site de reproduction protégé, et les bateaux restent à bonne distance de la faune.












Nous rejoignons le centre d’Ancud pour déjeuner au cœur de son marché couvert. Historiquement, Ancud était la capitale et la place forte de l’ile de Chiloé. Sa position sur la route du Cap Horn en faisait une escale stratégique. L’ouverture du canal de Panama, puis le transfert de la capitale vers Castro en 1982 lui a sans doute valu un lent déclin. Nous avouerons que nous ne sommes pas spécialement tombés sous le charme de la ville, lui préférant de loin Castro.





Jour 5 | Castro > Frutillar > Santiago : nous reprenons le ferry pour rejoindre le continent et la Ruta 5 qui va nous ramener à Santiago. Nous quittons Chiloé sous un soleil radieux, celui-là même qui nous a accompagné durant ces quatre jours passés sur l’archipel, pourtant réputé pour sa météo capricieuse et ses 300 jours de pluie annuels… Un vrai coup de chance (ou un miracle ?) qui, pour nous, a sublimé cette ile du bout du monde !


Road-trip effectué du samedi 3 au samedi 17 janvier 2015 – Pucón, St-Martin de los Andes, Osorno, Chiloé, Frutillar – Chili & Argentine

