Algarve : road-trip de Sagres à Tavira

Occupant une large bande au sud du Portugal, l’Algarve est la région balnéaire la plus fréquentée du pays. La côte Ouest, sauvage et agitée par les puissants courants de l’Atlantique, fait le bonheur des surfeurs du monde entier. Tandis que la côte Sud, arborant des plages magnifiques, a succombé au bétonnage intempestif pour accueillir chaque été des flots de touristes nord-européens venus chercher leur dose de chaleur estivale.

L’Algarve nous attirait depuis longtemps mais la surfréquentation de cette région nous décourageait d’y planifier un séjour durant la saison estivale. C’est donc à la fin de l’automne que nous avons effectué ce road-trip pour échapper à la foule tout en profitant d’une température plus douce.

Jour 1 | Zurich > Lisbonne : n’ayant pas trouvé de vol direct jusqu’à Faro sans devoir décoller à 4h00 du matin ou atterrir à minuit, nous nous rendons dans le sud du Portugal via Lisbonne par un vol direct de la TAP. Après deux heures de vol, nous récupérons notre véhicule de location et prenons la direction de Sagres situé à 320 km au Sud de la capitale portugaise. Trois heures de route plus tard, nous rejoignons le Memmo Baleeira Hotel où nous séjournerons trois nuits. Nous dînons à l’hôtel, au restaurant Fornaria qui offre une sympathique carte dans une chaleureuse salle offrant une vue dégagée sur l’océan. Les vacances peuvent commencer !

Jour 2 | Sagres : c’est dimanche, nous commençons par une matinée farniente pour profiter des très belles installations de l’hôtel qui jouit d’une situation perchée au-dessus du port, face à la mer. Puis nous partons à la découverte de Sagres, plutôt paisible en cette saison. La ville n’a pas de charme particulier, on y vient plutôt pour l’ambiance, et le surf bien sûr !

Après un déjeuner au sympathique café Pau de Pita, nous nous rendons à pied par la Praia de Mareta jusqu’à la forteresse de Sagres, porte d’entrée d’un cap magnifique dont les falaises abruptes dominent l’océan. Il n’y a pas grand-chose à voir dans le fort, si ce n’est un grand cadran solaire, une minuscule chapelle et une élégante boutique de souvenirs. On y vient surtout pour la vue spectaculaire offerte par la balade qui fait le tour du cap brulé par le soleil et balayé par les vents. Quelques pêcheurs tentent de ramener les sardines du diner, surveillés par la silhouette du Cap Saint-Vincent que nous visiterons demain.

Jour 3 | Carrapateira et Cabo San Vincente : nous partons explorer la côte Ouest, réputée comme étant l’un des meilleurs spots mondiaux de surf. Direction la plage de Carrapateira, très sauvage, où le parking donne le ton, alignant une multitude de vans et camping-cars en provenance de toute l’Europe, planches sanglées sur le toit. Afin de ne pas passer complètement pour des amateurs, nous avons acheté un bodyboard au village ! L’eau est un peu fraîche mais les enfants se régalent, découvrant les joies de la glisse sur le ventre. Il faut un début à tout !

Après un déjeuner au café Microbar sur la petite place centrale de Carrapateira, nous mettons le cap sur Cabo San Vincente qui a la particularité d’être le point cardinal le plus à l’Ouest du continent européen… Et franchement, hormis cette distinction géographique, le site ne présente pas beaucoup d’intérêt mis à part son large panorama ouvert sur l’océan. La visite sera rapide. De retour à l’hôtel, nous filons à la Praia de Martinhal située juste derrière pour jouer dans les vagues et dompter le bodyboard !

Jour 4 | Sagres > Lagos > Portimão : nous quittons Sagres pour rejoindre Portimão, seconde étape de notre voyage. Nous pénétrons alors dans la zone touristiquement très développée de l’Algarve, dont les paisibles villages de pécheurs ont été bétonné dans les années 60. La côte centrale entre Lagos et Faro n’est désormais qu’une succession de clubs hôteliers, complexes immobiliers démesurés et golfs dont la verdure dénote dans l’aridité ambiante… Nous nous arrêtons à Lagos, dont le centre historique préservé mérite le détour : de vieilles murailles mauresques, des rues pavées, des maisons aux façades d’azulejos, des églises à l’architecture baroque. Il est agréable de s’y promener quelques heures. C’est devenu une tradition : lors de chaque voyage, passage obligé chez un coiffeur local pour notre fils ! Cette fois-ci on lui a trouvé une charmante coiffeuse ! Puis nous déjeunons au Mar d’Estorias, un lieu très sympa qui mêle boutique tendance, galerie d’art et restaurant.

Nous reprenons notre route vers Portimão. Typiquement, c’est pour nous le genre d’endroit voué au tourisme de masse que nous évitons. Mais une fois franchie une forêt de béton abritant quantité d’immeubles laids et vertigineux, on découvre une plage immense, Praia da Rocha. C’est d’ailleurs à l’hôtel éponyme, le très contemporain Hotel da Rocha, face à la mer, que nous poserons nos valises pour deux nuits. Nous partons alors pour une longue balade sur le boardwalk qui longe la plage quasi déserte en cette saison tardive. Nous nous attendions au pire côté gastronomie, mais nous nous sommes régalés au Squash Restaurante, une adresse qui, comme son nom ne l’indique pas, offre une cuisine portugaise traditionnelle et roborative !

Jour 5 | Silves et Praia de Carvoeiro : direction l’intérieur des terres pour visiter la ville de Silves, ancienne capitale de l’Algarve. A l’époque des Maures (entre les IX^e et XII^e siècle), Silves était une place commerciale forte, bien à l’abri derrière ses remparts. Témoin de son riche passé, son imposant château en briques rouges contraste avec les murs blanchis des maisons environnantes. Nous passons devant la cathédrale gothique Sé qui a été édifié sur le site d’une ancienne mosquée, puis reconstruite après le tremblement de terre de 1755 dans le style baroque. Après avoir visité le château, nous nous arrêtons au Museu Municipal de Arqueologia de Silves, détour intéressant pour mieux comprendre l’histoire de la ville. Nous remarquons quelques cigognes qui font étape ici avant de migrer plus au Sud.

Après cette matinée culturelle, nous rejoignons la côte pour passer l’après-midi à la plage. Nous nous arrêtons à la Praia de Marinha, une minuscule plage nichée dans une crique de falaises jaunes. L’endroit est superbe, mais il faut composer avec de fortes vagues qui semblent vouloir nous coincer entre la mer et la falaise. Puis nous nous rendons à la Praia de Carvoeiro, une station plutôt familiale qui aurait pu être une option pour y passer quelques jours. De retour à Praia da Rocha, nous dinons au restaurant W, un sympathique bar à vin.

Jour 6 | Portimão > Tavira : après avoir profité une dernière fois de la plage Praia da Rocha et de ses vagues idéales pour le bodyboard, nous quittons le béton de Portimão pour rejoindre Tavira, 90 km plus à l’Est. Changement de décor radical, car nous faisons étape à l’Hotel Vila Gale Albacora, un ancien village de pêcheurs de thon perdu au milieu des marais salants, aujourd’hui reconverti en pousada. La sérénité des lieux tranche littéralement avec notre halte précédente, et nous découvrons ici un visage plus sauvage de l’Algarve. Nous dînons à l’hôtel qui malgré une formule buffet que nous affectionnons peu, offre une restauration de qualité.

Jour 7 | Faro et Olhão : la pluie s’est invitée aujourd’hui. En attendant le retour du soleil, nous effectuons quelques heures de magasinage au Designer Outlet Algarve, pour constater que ce centre commercial n’a d’Outlet que le nom… Puis nous rejoignons le centre historique de Faro. Nous n’avons pas spécialement été emballé par la ville, la grisaille favorisant peut-être cette mauvaise perception. De nombreuses bâtisses historiques sont décrépies et seules quelques rues présentent un réel intérêt. Nous déjeunons sur les remparts du château chez O Castello, attirés par une très belle vue sur la mer. Ce fut une grosse déception à moins de raffoler des pizzas surgelées… On se rattrape heureusement avec un délicieux dessert à la Pastelaria Gardy dans une rue commerçante du centro.

Sur le chemin du retour, nous faisons un rapide stop dans la petite ville Olhão qui nous a paru très pittoresque, sans doute sublimée par le retour du soleil !

Jour 8 | Tavira et Praia do Barril : ce matin nous nous rendons à Tavira, l’une des plus belles villes de l’Algarve. Bordée par la rivière Gilão qui disparait ensuite dans les lagunes du parc naturel de la Ria Formosa, la ville blanche a subi des influences romaines puis maures dont on retrouve d’intéressants témoignages architecturaux. A commencer par l’imposant Ponte Romana qui enjambe la rivière et que nous admirons depuis son voisin, le Ponte das Forças Armadas. Après avoir passé une tête dans le beau marché couvert malheureusement fermé lors de notre passage, nous partons à la découverte du centre historique.

Il faut remonter quelques jolies ruelles pavées pour rejoindre la colline Santa María qui abrite un petit château édifié par les Maures. Depuis ses remparts abritant un beau jardin, la vue sur Tavira et les environs est magnifique. Tout près, nous visitons l’église de Santa María do Castelo datant du XIIIᵉ siècle, qui aurait été construite sur les fondations d’une ancienne mosquée. La blancheur aveuglante de sa façade contraste avec les murs intérieurs recouverts d’azulejos. L’ascension du clocher réserve à nouveau une belle vue panoramique sur Tavira. Nous redescendons par l’ancien couvent à la façade jaune éclatant, reconverti en élégante pousada comme l’hôtel où nous séjournons.

Parmi les belles plages de l’Ilha de Tavira, cordon dunaire au large de la ville, la Praia do Barril est sans doute la plus pittoresque. On y accède par un petit train (celui-là même qui ramenait les poissons depuis la plage vers le continent) mais le trajet peut aisément se faire à pied. Nous déjeunons en terrasse au Museo do Atum, certes un peu cher pour la région mais au service impeccable. Mais ce qui fait la singularité du lieu, c’est ce fameux Cemitério das Âncoras, un cimetière d’ancres échouées sur le sable, autrefois utilisées pour maintenir solidement les filets de la pêche au thon face à la puissance des courants l’Atlantique.

Jour 9 | Tavira > Cacelha Velha > Evora : nous achevons notre road-trip en Algarve par une ultime visite, celle du minuscule mais non moins charmant village de Cacela Velha. Situé à une dizaine de kilomètres à l’Est de Tavira, sa position élevée sur une colline lui fait jouir d’une belle vue panoramique sur l’océan et le parc naturel de la Ria Formosa, cet ensemble de lagunes côtières et d’îles formant de superbes cordons dunaires sur le littoral entre Faro et Cacela.

Voilà qui achève notre découverte de l’Algarve. Nous prenons désormais la direction du Nord pour rejoindre Lisbonne, en ayant prévu une dernière étape à Evora, capitale de la région de l’Alentejo, à 220 km de la côte, dans le sud-central du Portugal. Nous avons beaucoup apprécié cette région au littoral exceptionnel, même si d’un point de vue culturel, elle n’est pas au même niveau que sa voisine andalouse. Elle n’en reste pas moins bien agréable à visiter, surtout en arrière-saison, lorsqu’elle retrouve une tranquillité bien méritée.

CARNET PRATIQUE :
Où dormir ?
Memmo Baleeira Hotel : le coup de cœur de notre voyage. Cet établissement récent propose de vastes chambres familiales au décor minimaliste mais avec vue directe sur le jardin intérieur et un port de pêche de Sagres. La piscine extérieure est très agréable avec sa vue mer et ses petits boxs privés équipés de transats. Le petit déjeuner-buffet est varié et copieux et le restaurant offre une carte courte mais variée, idéale avec des enfants. Vraiment une excellente étape pour découvrir la région et ses plages propices au surf.

Hotel da Rocha : hôtel hyper-contemporain, face à l’océan, qui permet de faire (un peu) abstraction du béton environnant. Les chambres familiales sont relativement grandes et bien équipées. La piscine était définitivement trop froide lors de notre visite mais elle a le mérite d’exister. Le petit-déjeuner est correct mais mériterait des produits de meilleure qualité rapport au standing d’un hôtel 4*.

Hotel Vila Gale Albacora : une pousada posée au bord de l’estuaire de la Gilão qui permet de retrouver un peu de sérénité sur cette côte trop exploitée. L’hôtel occupe un ancien village de pêcheurs de thon avec sa petite église, son école, un musée retraçant l’histoire des lieux… Les chambres familiales sont petites mais bien agencées. Les repas, sous forme de buffet, sont servis dans une immense salle impersonnelle, mais la qualité des mets est au rendez-vous.

Voyage réalisé du 20 au 28 Octobre 2018