Évora, perle de l’Alentejo

Dans le centre du Portugal brulé par le soleil, Évora apparait soudainement comme une oasis. Cette cité historique est un véritable trésor d’architecture, ayant subi successivement des influences romaine, maure, gothique et baroque. Aujourd’hui classée au Patrimoine mondial de l’Unesco, Évora est un incroyable musée à ciel ouvert, mais aussi une ville étudiante bien vivante.

Après une semaine passée en Algarve, nous avions envie de remonter tranquillement sur Lisbonne en marquant une ultime étape culturelle à Évora, capitale de la région de l’Alentejo, dans le sud-central du Portugal. Ce détour nous a aussi permis de faire une belle découverte gastronomique.

Jour 1 | Tavira > Évora : nous laissons derrière nous les côtes de l’Algarve pour pénétrer dans les terres arides du Sud du Portugal. Nous traversons alors la région de Beja, la route sillonnant parmi des collines couvertes d’oliviers, où nous effectuons un premier arrêt dans la petite ville de Mértola, aux portes du parc naturel de Vale do Guadiana. Perchée sur un éperon rocheux, au confluent des rios Guadiana et Oeiras, sa situation stratégique en fait une place défensive de choix. Mértola est coiffée par un beau donjon restauré et les ruines d’un imposant château-fort des 12^e et 13^e siècles. Autrefois capitale d’un royaume musulman fondé par Ahmad Ibn Qasi, elle a conservé de son passé arabe une ancienne mosquée transformée en église catholique.

Au Nord de Beja, nous atteignons une région viticole qui s’étend autour du village de Vidigueira. Nous nous arrêtons alors pour déjeuner à la Quinta do Quetzal, un bâtiment blanc immaculé posé au milieu des vignes. Ce lieu inattendu réuni non seulement un vaste cellier mais aussi un restaurant gastronomique et un centre d’art contemporain présentant la collection d’œuvres d’art des propriétaires ainsi que des expos temporaires. Le restaurant occupe une salle élégante et lumineuse, offre une cuisine maitrisée et un service impeccable, le tout avec une vue incroyable sur les rangs de vigne. Un endroit singulier nous rappelant les bodegas chiliennes qui excellent en matière d’œnotourisme !

Après cette étape gourmande, nous reprenons la route pour arriver à la tombée de la nuit à Évora et rejoindre l’Albergaria do Calvário, un hôtel-boutique situé dans la vieille ville. Un petit tour nocturne nous met en appétit pour nos visites du lendemain !

Jour 2 | Évora : nous partons à la découverte du centre historique sous un ciel bleu azur. Depuis les murailles qui enserrent la ville, nous suivons le vieil aqueduc qui rejoint le cœur de la cité. Édifié au 15^e s. sous le règne de Joáo III, il alimente toujours la ville en eau potable. Avec le temps, des maisons se sont imbriquées sous les voûtes dont la hauteur se réduit à mesure que nous nous rapprochons du centre-ville.    

Après s’être perdus dans un dédale de belles ruelles fleuries, nous arrivons au Largo do Conde de Vila Flor où siège l’ancien temple romain d’Évora, appelé également le temple de Diana. Édifié au 1^er s. après J.-C., puis emmuré au Moyen-âge jusqu’à la fin du 19e s., son état de conservation est remarquable. La place qui l’entoure est bordée de magnifiques bâtisses blanches ourlées de pierre et de jaune, tel l’ancien couvent reconverti en élégante Pousada.

Nous rejoignons l’imposante cathédrale catholique d’Évora, achevée en 1746. Outre son cloître mystique, son principal attrait est la possibilité de montée sur son immense toit qui révèle alors une vue panoramique fantastique sur les toitures d’Évora et toute la région environnante.

Les rues du centre-ville convergent vers l’élégante Praça do Giraldo dont les arcades de certains immeubles ne sont pas sans nous rappeler celles de Berne. L’église Santo Antão siège à l’une des extrémités de la place tandis qu’une fontaine toute en marbre trône au milieu des terrasses de cafés.

Évora est un véritable musée à ciel ouvert, possédant d’innombrables églises et autres monuments, témoignages de son passé riche et mouvementé. Nous arrivons justement devant l’Igreja de São Francisco, le site le plus visité de la ville. On y vient certes pour contempler son architecture gothique et baroque, mais surtout la fameuse Capela dos ossos, la chapelle des ossements. Construite au 17^e s., les murs et les piliers sont recouverts de milliers d’os et de crânes humains provenant de sépultures voisines… Une façon de provoquer une réflexion sur le caractère éphémère de la vie humaine. Plutôt spectaculaire même si le lieu nous glace… les os ! A nouveau, nous pouvons grimper sur les toits de l’église qui révèlent une belle vue sur Évora, et permet de reprendre ses esprits après cette visite pour le moins surprenante.

Après une pause déjeuner à l’Enoteca Cartuxa, nous nous rendons à l’Université d’Évora, magnifique ensemble du 16^e s. où l’azulejo triomphe. Dans les salles de classe, parmi une décoration de bois sculpté, de plafonds peints et de marbres, les azulejos illustrent la discipline qui y était enseignée. Accueillant près de 8 000 étudiants, la visite de l’Université est libre mais nous nous faisons discrets pour prendre la pose dans ce décor inspirant ! Nous terminons notre séjour en flânant quelques temps dans les rues de cette ville discrète et captivante. La tombée de la nuit nous invite à rentrer à l’hôtel pour y diner et préparer notre retour du lendemain vers Lisbonne. On ne regrette vraiment pas cette ultime étape sur la route du retour de l’Algarve !

CARNET PRATIQUE :
Où dormir ?
Albergaria do Calvário : un hôtel-boutique à taille humaine, à l’accueil incomparable, idéalement situé dans l’enceinte de la vieille-ville. C’est un lieu idéal pour partir à pied à la découverte d’Évora. Décorés avec goût, les espaces communs sont très agréables, tout comme notre chambre familiale aménagée dans une suite plutôt spacieuse. Les petits déjeuners sont succulents, mettant à l’honneur des produits frais locaux de très grande qualité. Le tout pour un prix plus que raisonnable.

Où manger ?
Enoteca Cartuxa : un bar à vin contemporain situé tout près du Temple romain d’Évora. Nous avions été refroidis par l’accueil lors de notre réservation le matin même, mais c’est finalement sans regret que nous y avons déjeuné : service attentionné, plats de type tapas, bien travaillés, à partager qui permet de goûter à pas mal de choses. Seul bémol : les desserts plutôt décevants et chers rapport à la qualité présentée. Cadre raffiné et calme car la salle n’est pas démesurée. Réservation indispensable.

Que faire ?
Turismo do Alentejo : le site régional du Tourisme, une vraie mine d’informations !

Voyage réalisé du 28 au 30 Octobre 2018