il Giro di Sicilia

Au large de la région italienne de Calabre, et non loin des côtes tunisiennes, la Sicile est la plus grande île de la mer Méditerranée. Avec ses plages et ses criques idylliques, ses villages de pêcheurs, ses montagnes arides, son patrimoine culinaire, historique et culturel exceptionnel, la Sicile offre des attraits prometteurs pour tous les types de voyageurs. Symbole de l’île, le mythique Etna, l’un des volcans actifs les plus élevés d’Europe, culmine à 3 350 mètres d’altitude.

Nous avions envisagé un tour complet de l’ile, un grand road-trip autour de l’Etna. Nous débutons par l’ouest de l’ile, à Trapani, puis rejoindrons Agrigente, Syracuse, l’Etna, Cefalù et achèverons notre boucle à Palerme. Mais des aléas météos vont nous faire légèrement dévier de notre trajectoire initiale.

Jour 1 | Zurich > Palerme > Trapani : nous quittons Zurich en toute fin d’après-midi et arrivons à Palerme après 2 heures de vol. Nous récupérons – non sans mal – notre voiture de location : beaucoup de monde au guichet, ça gesticule et ça parle fort derrière le comptoir, et après une heure d’attente, nous récupérons un véhicule « upgradé » mais cabossé de partout… Hertz nous avait habitué à mieux, mais il n’y a plus aucun doute, nous sommes bien arrivés en Italie ! Nous prenons finalement la direction de Trapani à 90 km à l’ouest de l’aéroport. Nous arrivons tardivement à l’Hôtel Relais Antiche Saline, perdu dans les salines de Nubia, où nous séjournerons trois nuits.

Jour 2 | Scopello & Nubia : nous profitons de cette journée bien ensoleillée pour nous rendre à la Reserva Zingaro, un espace naturel côtier protégé. Un chemin longeant le littoral permet de se rendre à de petites criques isolées pour se baigner dans des eaux turquoises et cristallines, un pur bonheur en cette fin de mois d’octobre ! Après un pique-nique sur la plage, nous remontons à Scopello, une petite bourgade (frazione) faisant partie de la commune de Castellammare del Golfo pour y déguster une glace et apprécier hors-saison la tranquillité de ce charmant village.

Puis nous rentrons à Nubia pour profiter de l’agréable piscine de l’hôtel et découvrir son environnement plutôt insolite, la Réserve naturelle des marais salants de Trapani. C’est l’activité salicole qui a fait autrefois la richesse de Trapani. Aujourd’hui quelques salins perpétuent encore la tradition du sel récolté à la main. Dans les bandes de terre se détachent les silhouettes d’anciens moulins à vent, utilisés pour moudre le sel. En fin de journée, les marais et les monticules de sel marin se parent de reflets rosés. Nous dînons sur place, au restaurant des salines Trattoria del Sale, pour déguster les fameuses Busiati, la spécialité de pâtes de Trapani.

Jour 3 | Marsala & Erice – Nubia : nous empruntons la petite route du sel qui borde les marais salants jusqu’à Marsala, célèbre pour son vin éponyme. La ville présente quelques beaux éléments d’architecture mais nous n’avons pas été véritablement subjugués par l’endroit. Nous avions prévu de visiter la maison Pellegrino, l’un des principaux producteurs de vin, malheureusement fermé lors de notre passage… Nous nous consolons en déjeunant à la Salumeria La Vecchia Di Maggio autour d’une copieuse planche d’antipasti.

Puis nous prenons la direction du village d’Erice perché à 750 m d’altitude au-dessus de Trapani. Le village recèle d’innombrables églises et un imposant château médiéval dont les fortifications permettent de contempler d’un côté tout le littoral entre Trapani et les îles Egades et de l’autre, la péninsule de San Vito lo Capo et la réserve Zingaro. Etape obligée à la Pasticceria Maria Grammatico dont la réputation des pâtisseries siciliennes ont largement dépassé les remparts de la ville. Nous terminons la journée à Trapani dont le centre-ville, très élégant, réserve quelques bonnes tables telles que le 210 Grammi.

Jour 4 | Trapani > Agrigente : nous prenons la direction du sud de l’île pour nous rendre à Agrigente. Sur la route, nous marquons une halte au Parco Archeologico de Sélinunte, l’un des sites historiques majeurs de Sicile. La cité de Sélinonte fut fondée au milieu du VII^e siècle av. J.-C. par les colons grecs de Mégara Hyblaea. Elle doit sa chute aux carthagénois venus en nombre pour assiéger la ville en 409 av. J.-C. Longtemps abandonnée et ravagée par les séismes, les vestiges de Sélinonte furent exhumés qu’à partir du XIX^e siècle. Le site est plutôt majestueux, occupant une vaste plaine ouverte sur la Méditerranée. Nous nous attardons principalement dans la zone orientale qui réunit trois temples dont le temple E qui a été partiellement reconstitué. Les deux autres temples sont restés en l’état, et leurs imposants blocs de pierre sont éparpillés un peu partout autour de leur plateforme. Nous admirons de loin le temple C situé dans l’Acropole, la deuxième partie du parc, très étendue, que nous n’avons pas visité. Nous déjeunons non loin de là chez Vittorio à Porto Palo qui offre une magnifique salle panoramique face à la mer. Après un petit moment de détente sur la plage voisine, nous nous rendons à Agrigente où nous séjournerons à l’agiturismo Fattoria Mosè.

Jour 5 | Agrigente : c’est le site archéologique le plus renommé de Sicile : la Vallée des Temples d’Agrigente, classée au Patrimoine mondial de l’UNESCO. D’ailleurs, l’un d’entre eux, le Temple de la Concorde, n’est autre que le logo de l’UNESCO ! Cette cité, fondée au V^e siècle av. J.-C. par des colons grecs de Gela, s’étend sur un vaste domaine de 1 300 hectares qui abrite une douzaine de temples doriques à la gloire des dieux grecs (Zeus, Déméter, Héracles, Asclépios… ). La vallée comprend également des nécropoles grecques, romaines, des quartiers d’habitation et bien d’autres vestiges. Il est agréable de la découvrir durant l’arrière-saison qui nous épargne la foule et les chaleurs caniculaires.

Après trois heures de visite très enrichissante, nous décidons de faire une pause dans la ville « nouvelle » d’Agrigente, délaissée par les touristes. Nous déjeunons à la bottega Putia Bottega Siciliana, délicieux café du centre-ville, puis prenons une glace au Caffè Concordia après avoir flâné dans les rues calmes de la cité.

Nous clôturons cette étape dans le sud sicilien par la plage de la Scala dei Turchi, « les escaliers turcs », curiosité géologique qui attire les foules à en croire les nombreux parkings privés aux abords du site. Ces falaises offrent un contraste saisissant entre le blanc maculé du calcaire et le bleu turquoise de la mer, dont les tons se sont réchauffés par un majestueux coucher de soleil.

Jour 6 | Agrigente > Noto : après un trajet de trois heures sur de belles routes vallonnées, nous rejoignons Noto, petite ville située dans la province de Syracuse. Après le séisme désastreux de 1693, Noto fut entièrement reconstruite dans le style baroque sicilien. C’est un véritable joyau d’architecture, qui lui vaut d’être classée sur la liste du Patrimoine mondial de l’UNESCO. Nous posons nos valises à l’Hôtel Porta Reale, en plein centre. Nous ne résistons pas à rendre visite au sympathique coiffeur situé juste en face de l’hôtel. C’est devenu une tradition d’emmener notre fils chez un coiffeur local à chacun de nos voyages ! Nous parcourons ensuite cette magnifique ville, bien agréable lorsque les touristes venus y passer la journée sont repartis avec leurs bus. Nous visitons quasiment seuls l’immense cathédrale et le magnifique palais Palazzo Landolina, dont les pièces vides dévoilent une décoration intérieure surprenante. Après un apéro sur le petit rooftop de l’hôtel, nous nous rendons à l’excellent restaurant gastronomique Manna Noto.

Jour 7 | Syracuse : nous prenons la direction de Syracuse, à 40 km au nord de Noto. Située sur la côte ionienne, cette ville antique fut fondée par des colons grecs de Corinthe au VIII^e siècle av. J.-C. Après avoir posé la voiture à l’entrée de l’île d’Ortygie, nous y pénétrons à pied par le marché animé et les ruines du Théâtre d’Apollon avant de rejoindre le centre historique. Nous déambulons dans un dédale de ruelles pour rejoindre la sublime Piazza del Duomo, la cathédrale bâtie autour d’un temple grec dont on devine encore les imposantes colonnes. Il est bien agréable de se poser en terrasse sur cette place élégante parée d’un marbre blanc éblouissant. Nous entreprenons la visite de la cathédrale, mais vivons la mauvaise expérience de nous faire refiler un faux billet de 20€ à la billetterie… Bien que voyageurs avertis, cette mauvaise surprise ne nous était jamais arrivée, encore moins dans un lieu sacré. La Cosa Nostra officie décidément partout… Contrariés par cette mésaventure, nous ne sommes pas restés plus longtemps à Syracuse. Nous délaissons le parc archéologique de Neapolis et son célèbre amphithéâtre romain, et mettons le cap sur la plage Lido di Noto pour profiter de sa tranquillité et d’une belle fin d’après-midi ensoleillée.

Jour 8 | Noto & Vendicari : nous savourons notre séjour à Noto. On avoue être tombé sous le charme de cette magnifique ville épargnée par les hordes de touristes en cette arrière-saison ! Nous grimpons au sommet du campanile du monastère de Santa Chiara pour découvrir une belle vue sur la ville et la vallée environnante. Après un déjeuner gourmand au Marpessa, et avec le retour du soleil, nous prenons la direction de la Réserve naturelle de Vendicari située entre Noto et Marzamemi, sur la côte sud. Si la réserve abrite un écosystème riche de plantes typiques du maquis méditerranéen et d’oiseaux migrateurs, elle protège aussi 8 km de littoral offrant de très belles plages. Plusieurs vestiges d’anciennes constructions subsistent, et notamment la Tonnara de Vendicari, bel exemple d’architecture industrielle. Cette thonnerie, datant du XVIII^e siècle, est restée en activité jusqu’aux premières années du XX^e siècle, symbole de la florissante activité du commerce du thon en Méditerranée. En quittant la réserve, nous marquons un stop au petit village de pêcheurs de Marzamemi, dont la madrague a été reconvertie en un site touristique chic et festif à la belle saison.

Jour 9 | Noto > Lipari (iles éoliennes) : notre feuille de route initiale prévoyait une étape à Nicolisi pour deux nuits afin d’effectuer une ascension de l’Etna. Mais le mauvais temps est annoncé sur le plus haut sommet de l’île et nous anticipons l’annulation de notre excursion. Après quelques recherches doublées d’appels, nous révisons nos plans et décidons de nous rendre à Lipari, l’île la plus étendue et la plus peuplée de l’archipel des Îles Eoliennes. Nous prenons la route pour Milazzo d’où partent les nombreux bateaux qui desservent ces îles volcaniques. Nous stationnons provisoirement notre voiture proche du port, dans l’un des garages fermés prévus à cet effet. Puis nous embarquons sur le ferry pour deux heures de traversée à destination de Lipari où nous avons pu réserver une chambre en dernière minute à l’Hôtel Mea Lipari. Après avoir déposé nos valises, nous partons à la découverte de Lipari, plutôt attirante avec sa citadelle coiffée par la Cathédrale de Saint Bartolomé. Nous traversons la petite ville pour nous rendre à la Marina Corta et préparer ainsi notre excursion du lendemain : un transfert en bateau vers l’île voisine de Vulcano afin de gravir son volcan. Après un apéro sur le port au café La Vela, nous nous rendons au Ristorante da Filippino pour un succulent dîner de poisson.

Jour 10 | Isola Volcano : au petit matin, nous rejoignons le port pour embarquer sur le bateau qui va nous conduire à l’île Vulcano. En chemin, nous récupérons des sandwichs commandés la veille à la Paninoteca Gilberto e Vera ! Il faut à peine une heure pour se rendre sur l’île, le bateau opérant un petit détour pour nous montrer quelques criques et grottes côtières. Une fois débarqués, nous prenons la direction de la Riserva Naturale Orientata Isola di Vulcano. Un sentier caillouteux mais relativement accessible permet alors de se rendre sur la lèvre du cratère, et d’en faire le tour. Les nombreuses fumerolles chargent l’air d’une forte odeur de soufre. De là-haut, le panorama est sublime sur le volcan et au loin, sur les autres iles volcaniques, dont on devine même la fumée du Stromboli. Après être redescendu du volcan, nous nous rendons à la Baia Negra, une magnifique plage de sable noir, pour y pique-niquer et profiter d’une baignade avant de reprendre notre bateau.

Jour 11 | Lipari > Castelbuono : nous quittons Lipari pour rejoindre la côte sicilienne et nous diriger vers Cefalù pour y déjeuner. Ce port de pêche, installé au pied d’une imposante falaise, est devenu une station balnéaire prisée de la côte tyrrhénienne. La ville est surtout connue pour sa cathédrale normande aux allures de forteresse datant du XII^e siècle, ornée de mosaïques byzantines et de grandes tours jumelles. Après un déjeuner au restaurant le Chat noir (qui n’a rien d’un resto français à part ses nappes carottées), nous longeons le Lungomare (front de mer) avant de nous poser sur la plage pour y admirer la ville et le Rocca di Cefalù. Nous prenons ensuite la direction de notre hôtel, le Relais Santa Anastasia, situé à Castelbuono, à une quinzaine de kilomètres dans les terres. C’est la Sicile des grands vergers de citronniers, d’orangers, d’oliviers, de figuiers et bien entendu de vignes. Nous aurons d’ailleurs l’occasion de déguster les vins du domaine tout en dégustant une savoureuse cuisine sicilienne au restaurant de l’hôtel.

Jour 12 | Castelbuono > Palerme : nous traversons de belles garrigues pour rejoindre l’autoroute en direction de Palerme, l’ultime étape de notre road trip. Nous ne sommes pas mécontents de retrouver une grande ville et d’y abandonner notre voiture de location. Pour ce séjour à Palerme, nous nous installons à l’Hôtel BB22, en plein centre. Nous partons pour une balade (celle du Palerme historique du Lonely Planet) dans le quartier historique de la ville, en commençant par la fameuse Piazza Quattro Canti, une place octogonale baroque avec 4 fontaines rehaussées de nombreuses statues. Tout près, la Piazza Pretoria est également remarquable avec l’imposante fontaine circulaire qui trône en son centre. Puis nous traversons le marché animé de la rue Ballarò avant de nous rendre au Palazzo dei Normanni qui abrite l’incroyable Cappella Palatina, l’ancienne chapelle royale richement ornée de mosaïques byzantines. Après une pause déjeuner au populaire Bisso Bistro, nous poursuivons par la visite de la Cathédrale de Palerme. Datant du XII^e siècle, elle renferme des tombes royales, mais nous avons plutôt choisi de visiter sa toiture qui réserve un panorama incroyable sur la ville, ses alentours vallonnés et la Méditerranée. Après une pause à l’hôtel, nous achevons notre première journée par un dîner gourmand au restaurant Buatta Cucina Popolana qui met à l’honneur une cuisine traditionnelle revisitée.

Jour 13 | Palerme : nous poursuivons notre découverte de Palerme, véritable musée à ciel ouvert. Nous nous attardons dans le quartier Castellammare o Loggia pour rejoindre la Marina di Palermo, plutôt tranquille en cette saison. Chaque coin de rue réserve de belles surprises : de somptueux palais côtoient des monuments remarquables, parfois en ruine. Nous décidons de visiter l’un d’entre eux, le Palazzo Mirto, dont les espaces intérieurs ont été admirablement conservés et témoignent d’une prospérité passée. Nous rejoignons la Via Roma pour déjeuner au Touring café, reconnu pour son choix incroyable de pâtisseries typiquement siciliennes, dont les fameux Cannoli. Puis nous prenons la direction des quartiers plus modernes de la ville, et visitons en chemin l’élégant Teatro Massimo Vittorio Emanuele. Nous clôturons notre journée autour d’un dîner roboratif chez FUD, une bottega qui met à l’honneur… le hamburger !

Jour 14 | Palerme : après une matinée consacrée au shopping, nous quittons notre B&B du centre-ville pour rejoindre l’aéroport et prendre notre vol retour pour Zurich. Incontestablement, la Sicile est une sublime région italienne qui allie merveilleusement bien nature et culture. Cela étant, ce voyage nous a laissé une impression mitigée, nourrie par la petite arnaque à la cathédrale de Syracuse, mais aussi d’autres signes (une multitude de décharges sauvages au bord des routes, les péages d’une autoroute, pourtant récente, laissés à l’abandon…) bref des témoignages qui ne trahissent pas la réputation d’une île mafieuse régentée par la Cosa Nostra… Nous repartons aussi un peu frustrés de ne pas avoir pu gravir l’Etna, tout juste aperçu entre deux nuages. Mais ce sera un excellent prétexte pour revenir dans la région !

CARNET PRATIQUE :
Où dormir ?
Hôtel Relais Antiche Saline à Trapani (Nubia), un établissement tout blanc perdu au milieu des salines. Belle piscine et tranquillité assurée.
Agiturismo Fattoria Mosè à Agrigente, un coup de cœur unanime de nos guides de voyage fétiches (Le Routard et Lonely Planet). Et pourtant, malgré un accueil agréable, ce fut une énorme déception : appartement sombre, mobilier et déco désuète, repas soi-disant organique vraiment basique, petit-déjeuner médiocre, le tout pour un tarif élevé pour la saison. Comme l’impression de nous faire avoir dans cette région hautement touristique… Son seul intérêt est la proximité avec la Vallée des Temples.
Hôtel Porta Reale à Noto, un vrai coup de cœur, en plein centre-ville qui retrouve sa tranquillité en soirée. Accueil prévenant, chambre petite mais raffinée mais surtout un sublime rooftop.
Hôtel Mea Lipari à Lipari, correct pour une réservation de dernière minute, belle situation et chambre agréable mais sans charme particulier.
Relais Santa Anastasia à Castelbuono, un magnifique établissement installé dans une ancienne abbaye. Les chambres sont un peu rustiques et le restaurant est divin.
Hôtel BB22 à Palerme, en plein centre-ville, propose des appartements pour 4 personnes, idéal pour les familles. Service personnalisé et excellents petits-déjeuners.

Road-trip effectué du 21 octobre au vendredi 3 novembre 2017