Madère, l’île verte

Le jardin de l’Atlantique, l’île aux fleurs ou encore la perle de l’Atlantique… les noms évocateurs ne manquent pas pour désigner cette île volcanique si singulière. Située à 600 km de la côte marocaine et à près de 1 000 km au sud-ouest de Lisbonne, l’île de Madère a la particularité d’être très verdoyante : la forêt primaire couvre une grande partie de l’île avec sa végétation luxuriante et ses innombrables sources et cascades. Son climat subtropical en fait une destination idéale au printemps ou à l’automne pour randonner sur les nombreux chemins qui longent les côtes, s’attaquent aux plus hauts picos ou suivent les levadas, ces canaux d’irrigation caractéristiques de l’île. Région autonome du Portugal, l’archipel compte plus de 267.000 habitants répartis sur toutes les côtes de l’île, dont 112.000 madériens à la capitale : Funchal. 

Un peu d’histoire : sa virginité et sa beauté, Madère les doit à sa découverte tardive. Aussi incroyable que cela nous paraisse aujourd’hui, l’acte de naissance de Madère ne date que du XVe siècle. Une île couverte d’une forêt si épaisse, si dense, qu’il a fallu plusieurs années d’incendies à répétition pour permettre enfin aux hommes de s’y installer durablement. Puis Zarco est arrivé. L’explorateur portugais aborde l’île voisine de Porto Santo en 1419 pour finalement jeter l’ancre au large de l’île principale, Madère, en 1420, et en entamer la colonisation 5 ans plus tard.

Jour 1 | Amsterdam > Funchal > Porto Moniz : 5 heures de vol avec Transavia sont nécessaires pour rejoindre directement Funchal depuis Amsterdam. Rien que l’atterrissage est en soit spectaculaire. L’absence de plaine a contraint les autorités à construire la piste de l’aéroport sur des pilotis plantés dans l’océan ! Nous récupérons rapidement notre véhicule chez Madeira Rent, une compagnie locale qui dispose de véhicules très récents. Nous avons prévu de faire 3 étapes sur l’île : la première à Porto Moniz, à l’extrémité nord-ouest, la seconde à Ponta do Sol au sud, pour finir notre séjour en ville, à Funchal. Sur la route VR1, nous faisons un détour par Caniçal où nous nous arrêtons au Museu de Baleia, un musée qui retrace l’épopée de la chasse à la baleine et la vie marine à travers des expos interactives plutôt bien scènographiées.

Après cette première découverte madérienne, nous nous rendons dans la ville voisine de Machico qui fut la première capitale de Madère. Quelques vestiges historiques tels que le Forte de Nossa témoignent de ces heures de gloire. Nous déjeunons en terrasse à l’O Galã, un petit restaurant local situé près de la Praia de S. Roque. On apprécie de déjeuner sous un soleil à 25°C après avoir quitté la grisaille néerlandaise le matin même !

Nous poursuivons notre itinéraire sur la VE1 vers Porto da Cruz, une petite ville nichée entre d’impressionnantes falaises, qui mérite un arrêt pour se balader au bord de belles piscines d’eau de mer. Nous passons également une tête à l’Engenhos do Norte, une ancienne rhumerie qui se visite gratuitement et permet d’admirer ses vieilles machines.

Nous reprenons la route VE1 qui transperce la montagne à travers d’innombrables tunnels. L’arrivée à Porto Moniz se fait sous un ciel gris et venteux. Nous effectuons notre check-in à l’hôtel Aqua Natura Bay, un établissement récent situé en front de mer qui offre d’agréables chambres familiales. Malheureusement les piscines naturelles de Porto Moniz sont fermées en raison du fort vent et des vagues qui submergent les bassins. La baignade sera pour demain ! Nous nous baladons en ville, plutôt moderne et sans charme particulier à part sa situation sur une côte déchiquetée. Les restaurants ouverts sont rares en cette fin de saison, nous décidons de diner à l’hôtel qui propose une table raffinée mais dans une salle (celle des petits-déjeuners) assez impersonnelle.

Jour 2 | Porto Moniz > Ponta de São Lourenço : après un excellent petit-déjeuner (le jus frais pressé, le bon indicateur !), nous nous préparons pour notre première rando, celle de la Levada do Caldeirão Verde (PR9). Après une heure de route, nous nous cassons le nez car le site est fermé en raison des dégâts causés par les forts vents de la veille. Un nettoyage des sentiers est en cours… On regrette juste de pas avoir eu l’info avant de monter jusqu’à l’entrée officielle du Parque Florestal das Queimadas. Mais il est vrai que nous avions croisés un nombre anormal de véhicules qui rebroussaient chemin. Bref il faut songer à un plan B et nous nous dirigeons vers São Lourenço, l’une des sites naturels les plus populaires de l’île. Lorsque nous arrivons à midi, les parkings sont saturés, impossible de stationner… Le site est clairement victime de son succès. Alors nous passons au plan C, la plage ! La Prainha do Caniçal est situé un peu plus en amont sur la route. Nous nous y posons deux heures pour profiter d’une eau limpide à 25°C…

En début d’après-midi, nous rejoignons le parking de São Lourenço où des places se sont enfin libérés. Nous débutons alors la spectaculaire randonnée de Vereda da Ponta de São Lourenço (PR8), 8 km pour rejoindre la pointe Est de l’île. Il y a maintenant moins de monde sur les sentiers qui sillonnent au milieu d’un paysage volcanique et minéral impressionnant. Nous effectuons une petite pause à la Casa do Sardinha avant d’attaquer le petit sommet qui mène au Miradouro Ponta do Furado. Le panorama est époustouflant et révèle un contraste saisissant entre cette presqu’île aride battue par les vents et la végétation luxuriante du reste de l’île. Notre ascension est accompagnée de quelques gouttes rafraichissantes dévoilant un magnifique un arc en ciel. Nous terminons cette longue journée en dînant au restaurant O Arco situé à Arco de São Jorge, sur la route du retour. Des plats locaux et traditionnels accompagnent une vue splendide sur l’océan.

Jour 3 | Porto Moniz > Caldeira verde : nous partons au lever du jour pour retenter la randonnée Levada do Caldeirão Verde (PR9). On ne se fera pas avoir deux fois, le site est bien ouvert cette fois-ci, mais le grand parking se remplit vite. Il y a beaucoup de monde sur cette randonnée facile et populaire, qui consiste à marcher le long des Levadas, ces petits canaux d’irrigation qui distribuent l’eau du versant nord-ouest de l’île, plus arrosé, vers le versant sud-est, plus sec mais plus propice à l’habitat et à l’agriculture. On n’en dénombre pas moins de 2 150 kilomètres. L’itinéraire ne présente aucune difficulté majeure, à part quelques tunnels sombres qu’il faut parcourir tête baissée avec une lampe frontale, tout en faisant attention à son crâne ! Certains passages étroits sont un peu compliqués rapport à l’affluence des visiteurs, il faut se montrer patients…Nous ne sommes pas les seuls à la chute Caldeirão Verde, car le l’itinéraire est un cul de sac. L’accès au Caldeirão do Inferno est malheureusement fermé en raison de risques d’éboulements, nous rebroussons chemin et pique-niquons à l’entrée.

Nous redescendons à Santana pour admirer ces fameuses maisons triangulaires typiques qui font la une de la plupart des guides de voyage. L’endroit est plutôt photogénique et abrite quelques artisans et magasins.

Puis nous tentons de nous stationner à la plage de Seixal, réputé comme étant un haut lieu pour la pratique du surf. Mais l’accès au littoral est compliqué, il faut descendre dans un cul de sac où le parking est, une fois de plus, saturé… Nous ne nous attardons pas et rentrons à Porto Moniz pour pouvoir se baigner dans les piscines naturelles aménagées. Les bassins sont très agréables et permettent de profiter d’une eau à 25°C sans être dérangés par les vagues qui se fracassent sur les rochers.

Jour 4 | Porto Moniz > Ponto do Sol : après avoir piqué une dernière tête dans lespiscines de mer situées juste en face de l’hôtel, nous prenons la direction de Porto do Sol, notre prochaine étape au sud de l’île. En chemin, nous décidons de faire la rando Vereda do Pico Ruivo (PR 1.2), une courte ascension qui permet de rejoindre le Pico Ruivo, le point culminant de Madère. Le petit parking situé avant le sommet est déjà bien rempli mais quelques places se sont libérées. Le chemin jusqu’au sommet est entièrement pavé et ne présente aucune difficulté, si ce n’est là encore une forte fréquentation du site. Les belvédères du sommet offrent une vue incomparable. Nous redescendons par le même chemin et décidons de déjeuner au lodge Achada Do Teixeira qui propose de très bons sandwichs dans une belle ambiance de lodge de montagne.

Nous reprenons la route vers Ponto do Sol en empruntant l’autoroute qui passe à Funchal, moins pittoresque mais deux fois plus rapide que les petites routes de montagne. Après avoir effectué notre check-in à l’Enotel Sunset Bay où nous prenons possession de deux chambres communicantes, nous profitons de la plage mais les vagues sont tellement puissantes que nous devons nous rabattre sur la piscine intérieure. Nous dînons à l’hôtel qui propose une très bonne formule buffet puis nous partons en balade nocturne dans le village qui présente de belles bâtisses historiques et restaurées. Un vieux cinéma trône sur un mirador offrant une superbe vue sur la baie.

Jour 5 | Ponto do Sol : nous partons explorer le sud-ouest de Madère. Nous effectuons un premier arrêt à Jardim do Mar, un village plutôt tranquille à cette heure matinale. Sa particularité est une belle promenade en bord de mer aménagée sur un brise-lame qui protège les habitations des caprices de l’océan. Puis nous nous arrêtons à Paul do Mar, un village typique de pêcheurs. Une rapide balade sur la jetée nous permet d’admirer les falaises abruptes qui s’arrêtent net face à l’océan. Nous terminons notre exploration par le Miradouro Farol da Ponta do Pargo, le point le plus à l’ouest de l’île. Le petit phare mérite seulement quelques minutes d’arrêt puis nous prenons une agréable pause-café /scones en terrasse à la maison de thé O Fio qui jouit d’une magnifique vue dégagée sur la côte. Nous traversons alors une large zone de forêt calcinée, démontrant que malgré un climat humide, Madère peut aussi être la proie des flammes.

Nous avions prévu une sortie en bateau mais elle est malheureusement annulée en raison du mauvais temps… Nous optons alors pour un plan B, la randonnée populaire de la Levada das 25 Fontes (PR6). Là encore, nous retrouvons beaucoup de monde sur le parking mais notre arrivée tardive en milieu d’après-midi nous permet de nous stationner facilement. L’itinéraire débute par une longue descente sur une petite route qu’il nous faudra remonter… Une fois descendu dans la vallée, nous longeons d’agréables levadas sur des sentiers étroits abrités par une végétation luxuriante. Ces canaux sont alimentés par de nombreuses sources et acheminent l’eau vers le sud. La randonnée se termine devant un gouffre qui accueille une longue chute d’eau. L’endroit est propice à la baignade malgré une eau bien fraîche qui avoisine les 10°C !

Jour 6 | Ponto do Sol : aujourd’hui le temps est incertain et bouleverse un peu notre programme. Nous débutons la journée par une baignade devant l’hôtel accompagné d’un bon café au Sun Spot Cafe. Malgré les nuages, nous décidons de monter au Miradouro da Encumeada pour faire la randonnée de la Vereda da Encumeada (PR1.3) entre le col et le Pico Ruivo. Nous partons sous la pluie et le sentier grimpe fort, mais de nombreuses marches facilitent l’ascension. Puis soudainement la brume se lève, un grand soleil apparait en dévoilant un magnifique panorama sur les sommets du Parque Natural da Madeira.Notre départ tardif nous contraint malheureusement à rebrousser chemin au bout de 4 km. La meilleure formule aurait été de se rendre en taxi depuis le col où nous avons laissé notre voiture jusqu’au point d’arrivée de la randonnée puis revenir à pied. L’improvisation a ses limites ! Nous terminons la journée par une dégustation de vins Madère au bar The Small House situé dans une charmante ruelle en arrière de notre hôtel.

Jour 7 | Ponto do Sol : nous partons à la découverte du charmant port de Câmara de Lobos, très photogénique avec son anse qui abrite de nombreux bateaux de pêche multicolores. L’endroit est bien évidemment touristique mais l’ambiance reste authentique sur le port avec ses nombreux pêcheurs qui taquinent les poissons sur la jetée. Le centre du village est lui aussi bien agréable avec ses ruelles piétonnes agrémentées de nombreuses œuvres de street-art peintes sur les portes des maisons.

Nous nous engageons ensuite vers la Nenhum vale (vallée de la None) pour accéder au village de Curral das Freiras, très isolé et totalement encaissé au milieu des montagnes. Les habitants sont en pleins préparatifs du festival de la Festa de la Castanha, le fête de la châtaigne qui a lieu traditionnellement les 31 octobre et 1^er novembre. Nous ne pouvons quitter le village sans goûter aux spécialités locales à base de châtaignes. Le restaurant Sabores do Curral est une adresse incontournable de la région, on y apprécie une vue extraordinaire depuis la terrasse tout en savourant un succulant poulet farci au bacon et à la châtaigne…

Après une pause rapide à l’hôtel, nous rejoignons la Marina de Calheta où nous avons réservé un tour en bateau avec la compagnie Lobosonda. Il s’agit d’une compagnie locale très engagée avec une approche respectueuse de ses activités. Nous voilà partis en mer pendant deux heures sur gros Zodiac. La mer est relativement calme même si la houle reste impressionnante pour les novices que nous sommes. Nous apercevrons de nombreux cétacés, notamment des dauphins et des baleines, ainsi que quelques surfeurs qui défient de monstrueux rouleaux qui viennent se fracasser au pied des falaises.

Nous terminons notre séjour à Ponto do Sol par une dernière balade sur la jetée au clair de Lune, emballés par ce paisible village niché entre deux falaises.

Demain nous prendrons la direction de Funchal, la capitale de Madère. Retrouvez l’article ici.

INFOS PRATIQUES : on ne peut que recommander le site officiel de l’office du tourisme de l’île Visitmadeira. Notons aussi le blogue Madère le Guide très complet sur la destination où vous trouverez une mine d’informations utiles.

Voyage effectué du dimanche 22 octobre au mercredi 1^er novembre 2023