Engelberg, entre sommets et monastère

Enclavé sur un haut plateau au cœur du minuscule canton d’Obwald, Engelberg est une station de ski réputée de la Suisse centrale. L’impressionnante silhouette du Hahnen (2 606 m) surplombe le village, tandis que les pentes du célèbre Titlis (3 238 m) accueillent des pistes de ski parmi les plus admirables du pays. Mais l’endroit est aussi reconnu pour son remarquable monastère bénédictin, dont la fondation remonterait au XII^e siècle. Un monument emblématique, qui contribue à l’atmosphère solennelle des lieux.

Haut-lieu du ski et du vélo de montagne, Engelberg est aussi – en temps normal – une destination très prisée par les touristes étrangers, indiens en tête, qu’ils combinent avec la visite de la ville voisine de Lucerne. Il suffit de voir la taille du parking situé au pied des télécabines, réservé aux autocars, pour mesurer le flot de visiteurs qui s’y déverse normalement chaque année. Les touristes viennent ici en nombre pour admirer le fameux Titlis, point culminant de la Suisse centrale.

C’est une tout autre ambiance qui règne en ce début d’été 2021 à Engelberg, conséquence d’une pandémie semblant interminable. Le village vit au ralenti, ce qui est loin de nous déplaire. Plusieurs hôtels profitent de cette accalmie pour se refaire une beauté (et ce n’est pas un luxe tant l’hôtellerie suisse est obsolète…), à l’instar du somptueux palace Kempinski qui rouvre ses portes à la fin du mois de juin. La beauté singulière des lieux a effectivement inspiré la construction de magnifiques édifices Belle Époque, côtoyant de vieux chalets en bois. Dommage que certaines « verrues » des années 60 (entre autres la gare CFF et l’épouvantable Hôtel H+), véritables égarements urbanistiques, viennent gâcher l’ensemble.

Malgré cette atmosphère particulière de début de saison, quelques commerces se font remarquer, tels que l’élégante Bäckerei Tea-Room et l’inattendue brûlerie Roastery. Les bijouteries, quant à elles, ont baissé provisoirement leurs rideaux. La principale rue commerçante débouche sur l’imposante abbaye bénédictine fondée en 1120, qui a encore aujourd’hui une influence déterminante sur le village. Des moines vivent, travaillent et y enseignent toujours. Les lieux accueillent également une fromagerie située au milieu d’un agréable café-boutique qui fait la part belle aux produits du terroir, dont une savoureuse bière artisanale.

Fürenalp | 16 km | D+ 400 m | 5 h
A la mi-juin, nous écartons le secteur du Titlis dont les nombreux sentiers demeurent fermés en raison de la neige encore présente sur les hauteurs. Nous prenons alors la direction de Fürenalp, un charmant alpage auquel on peut accéder à pied par un minuscule téléphérique. Nous avons opté pour cette seconde option afin de nous épargner une longue ascension et pouvoir effectuer une randonnée plus spectaculaire, en altitude. Après un pique-nique au milieu de l’alpage face à une vue grandiose, nous atteignons le fond de la vallée par un beau sentier panoramique, accompagnés par des dizaines de parapentistes. Puis nous rejoignons la Via Alpina qui descend du col de Surenenpass, également fermé en raison des abondantes chutes de neige du mois de mai. Nous traversons l’alpage de Stäfeli et sa buvette animée avant de rejoindre la station basse du téléphérique sur des sentiers variés sans grande difficulté.

Ascension au Titlis | 3029 m
Cette accalmie touristique est l’occasion rêvée pour rejoindre l’emblématique sommet en toute quiétude, en plein mois de juillet ! Nous profitons également d’une offre tarifaire très avantageuse (98 CHF pour toute la famille !), censée attirer les rares touristes autochtones, pour embarquer dans les télécabines de Trübsee, puis emprunter le fameux Rotair, le premier téléphérique à cabine tournante du monde… Pivotant sur elle-même à 360 degrés, la cabine offre une vue panoramique imprenable sur l’un des plus beaux panoramas alpins comme seule la Suisse sait en offrir. La station sommitale, posé sur le Klein Titlis, avec ses boutiques de souvenirs, sa grotte de glace et son restaurant indien sauce Bollywood, ne présente guère d’intérêt. Mais la vue offerte depuis la terrasse extérieure est à coupé le souffle. Après y avoir savouré café et chocolat chaud, nous rejoignons le pont suspendu Cliff Walk pour embrasser un panorama renversant, suspendus dans un vide vertigineux.

Engstlensee et Tannensee | 17 km | D+ 660 m | 6 h
Il s’agit d’un tronçon du superbe itinéraire 574 Melchsee-Frutt-Engelberg que nous avions initialement pour projet d’effectuer sur deux journées. Depuis le col de Jochpass où nous avons passé la nuit, nous empruntons un tout nouveau télésiège pour atteindre le lac d’altitude d’Engstlensee (1850m), dont les eaux cristallines en font un lieu de pêche sportive convoité. Nous longeons ses rives tranquilles puis traversons le minuscule village d’alpage d’Engstlen avant d’emprunter un étroit sentier à flanc de falaise qui nous conduit à l’alpage de Tannalp, puis au lac de Tannensee. Nous pique-niquons au bord du lac avant d’en faire le tour et d’accomplir le chemin en sens inverse. Revenus au col de Jochpass, nous empruntons à nouveau les remontées mécaniques pour redescendre jusqu’au lac de Trübsee, puis jusqu’à la station d’Engelberg, point de départ de la veille.

Où dormir/manger ?
Ski Lodge : un véritable coup de cœur pour ce charmant hôtel** et sa brasserie attenante ! Occupant un édifice de caractère, les chambres (les familiales sont sous les toits) ont été rénové dans un style rétro-chic. Outre le chaleureux bar installé au rez-de-chaussée, le restaurant Konrad offre une carte inspirée et internationale bien loin des traditionnelles spécialités suisses. Les prix sont plutôt accessibles rapport au standing de la station. En été, la cuisine est délocalisée à l’extérieur, l’endroit est fréquenté par les nombreux riders qui, après avoir dévaler les pentes de la station, viennent se régaler ou chiller sur les banquettes devant une bière, narrant leurs exploits de la journée, face aux pentes du Titlis.

Jochpass Bärghuis : un second coup de cœur pour ce refuge de montagne posé au col éponyme à 2 200 m d’altitude, point de jonction des remontées mécaniques de Jochpass et de Engstlensee, et point de départ de superbes trails de vélo de montagne. Rénové en 2017, il offre des chambres hyper cosy, tout en bois. Mais surtout, la demi-pension proposée avec la chambre est juste incroyable. Une qualité de restauration généreuse et savoureuse, que l’on aimerait retrouver plus souvent dans les (dispendieux) restaurants helvètes.